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Se brûler les ailes…
Nathalie Bauer   Le Feu, la vie
Editions Philippe Rey 2007 /  19 € - 124.45 ffr. / 283 pages
ISBN : 978-2-84876-075-9
FORMAT : 15,0cm x 19,0cm
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Traductrice de l’italien (en particulier des romans de Dario Fo, d’Ornella Vorpsi, etc.), Nathalie Bauer est aussi romancière. C’est sous la double lumière d’une Russie éternelle et dramatique et d’une Italie bruyante et chaleureuse qu’elle place son dernier roman, Le Feu, la vie, aux éditions Philippe Rey. Ecrit d’un ton détaché, accentué par l’imparfait, par un observateur invisible, le roman peint la vie quotidienne de deux familles dans les années 90/95.

Au Sud de l’Italie, dans un sud flamboyant, plein de soleil et de mer, de farniente et de tensions, sous l’ombre lointaine mais présente de la mafia et des opérations «mains propres», Dino, Rocco et Rosario vivent avec leur mère, tandis que leur père court les mers, que leur sœur aînée Veronica vit au loin, «à l’étranger», dans le Nord, à Bologne où elle a épousé un mari pharmacien. Près d’elle, les «tantines», sœurs de son père, jamais mariées, réfugiées dans la vaste et confortable maison que leur a léguée un parent excédé par les contraintes familiales et soucieux de leur offrir un espace de liberté. Elles y font des confitures et des bocaux de conserve, se parfument à l’ancienne, s’habillent de robes désuètes, et irradient de vie et de tendresse. Elles accueillent les exilés et les bannis de la famille, les remettent sur pied. Au cours du roman, elles se réconcilient avec leur belle sœur, qui élève tant bien que mal ses fils, et rêve de son mari. Le père, lui, toujours absent, revient de temps en temps, et remplit la maison d’une vie effrayante et stimulante à la fois, au rythme de ses enthousiasmes et de ses dégoûts. Il impose sa vitalité et ses exigences : «Paix et silence». Ses courts séjours sont des moments initiatiques pour ses fils.

Ils vivent en lieu clos : «Du village, on distinguait mal les trois demeures qui se dressaient sur le promontoire, la leur, celle du professeur, et le vieux palais en ruines, parce que la pinède les dissimulait en partie ; quant aux habitants, trop occupés à contempler la mer et le va-et-vient des pétroliers dans le port voisin, ils se tournaient rarement de leur côté» : la première phrase pose l’ambiance.

Vient s’installer sur le promontoire, dans le vieux palais à restaurer, une famille russe étrange : le père Vadim est peintre abstrait, la mère Natacha, dont on ne sait pas grand-chose, le jeune fils - étrange - Serguei, les filles adolescentes : l’intellectuelle et fantasque Varvara, Ludmilla la musicienne, Irina, lumineuse anorexique, qui danse dans la pinède. Entre les adolescents, passions et fascination s’exercent, les liens se nouent et se dénouent. On s’observe. La visite d’une grand-mère immensément riche et autoritaire, surnommée «le vieux dragon», avec sa dame de compagnie et son chien, renouvelle un intérêt qui semblait se calmer.

Autour, toute une société : le professeur aux idées noires, le pharmacien de Bologne qui s’éprend brusquement et violemment du sud, de sa culture et cherche à le mettre en valeur ; les amis musiciens de Rocco, Vina la jeune mystique versée en orientalisme, qui entraînera Irina, Suni l’intellectuelle austère qui tente d’échapper au destin des femmes du Sud.

Si Nathalie Bauer suit tous les personnages des deux familles, ce sont surtout Rocco et Varvara qui se retrouvent au coeur du roman, et dont nous partageons les espoirs, les rêves, les tentations de fuite, les allers-retours, les promenades dans la pinède, l’idylle annoncée, refusée, renouée… Au fil des jours, nous suivons les uns et les autres, voyons les adolescents se brûler les ailes au feu de la vie, les adultes vieillir, se résigner, disparaître ; les destins s’accomplir…

Un joli texte qui nous parle de différences et d’apprentissages, en touches pointillistes, placé d’emblée dans l’ambiance russe de Tchekhov et de Tourgueniev, avec deux citations en épigraphe («C’est toujours le feu qu’il vous faut, mais le feu ne vaut rien. Il s’embrase, fait de la fumée et s’éteint», Tourgueniev, Roudine). Se résigner aux plaisirs du quotidien ou rêver d’aventures et de passions exaltées ?


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 23/07/2007 )
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