| Jacques Astruc Venin de rose Éditions Alexipharmaque - Les Narratives 2007 / 13.00 € - 85.15 ffr. / 81 pages ISBN : 978-2-9525875-8-7
Préface de Sarah Vajda
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Que lon songe à certaines proses proustiennes, que lon imagine après Valéry Larbaud de ces ouvrages limpides, sourdement mélancoliques, avec Jean Lorrain de ces recueils cosmétiques, et lon aura enfin une première idée de la façon de Jacques Astruc. Ses contes plutôt féminins vénéneux , tous sur le thème de la rose, enchantent. Ils invoquent un monde vaporeux, un monde de sensations et de couleurs pâles, de fleurs rares, de mascarades à la Tiepolo, un rien trop tendre peut-être.
Que ce doux recueil de floriculture littéraire, cet hommage manifeste au remarquable film Le Jardin secret, à la «rose toute ardente et pourtant claire» de Rainer Maria Rilke, devienne lidéal dune soirée maniérée, nest pas douteux. Que lon puisse comparer ce bouquet fastueux, ces mignardises agonisantes aux Hortensias bleus de feu Robert de Montesquiou, ne serait que justice. Cest une ode végétale, couleur de sang, aux luxures les plus raffinées, roses mauvaises, fashionable, roses de Chine ou de Perse que lon peut effeuiller les yeux mi-clos, que lon peut lire comme les meilleures Serres chaudes de Maeterlinck.
Venin de roses, teinté de réminiscences incurables, de mémoires denfance, est un délice décriture : «Drapée dans un déshabillé de soie rose, elle passa sur le balcon du manoir. Elle contempla un long moment le parc, pris dans les écharpes brumeuses de laube. Le printemps arrivait. La rosée luisait sur les massifs de roses des parterres. La comtesse soupira.» Ces contes ciselés, tantôt nostalgiques ou charnels, que lon enlace dévotement, invitent aussi à de troubles voyages : que ce soit à la cour de lempereur de Chine, auprès de Shéhérazade, de Dom Rosa de la Rosa comme de grand-maman, à la visite de palais roses florissants ou de jardins mystérieux. Mais des voyages surtout à lintérieur, en robe de chambre, glissant sur les tapis persans, à lheure du thé, et en pantoufles brodées, caressant tel vase de Delft, en rêvant de tel amour sous la véranda des premiers émois.
Faisons-nous dandy et laissons-nous aller aux torpeurs que distille cet éden croupissant, ce dernier livre dAstruc aux parfums aussi ténébreux que précieux.
Valéry Ducatillon ( Mis en ligne le 21/05/2008 ) Imprimer | | |