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Milestones
Quentin Debray   Le Moment magique
Le Rocher 2008 /  15 € - 98.25 ffr. / 127 pages
ISBN : 978-2-268-06516-8
FORMAT : 13,5cm x 20,5cm

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.
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Quentin Debray est professeur de psychiatrie à l'université René-Descartes (Paris-V), chef de service à l'hôpital Corentin-Celton (Issy-les-Moulineaux) et à l'Assistance publique de Paris. Il a écrit sur des sujets scientifiques : Amours, sexualité et troubles de la personnalité (2007) et Les Personnalités pathologiques. C'est aussi (et peut-être surtout) un passionné de littérature (avec pour auteurs fétiches Jean Giono et Georges Simenon), de musique, de peinture et de cinéma. Quentin Debray, dans ce registre, est l'auteur de La Véranda au coucher du soleil (Le Rocher, 2005) et La Bataille de Nancy (Le Rocher, 2007).

Dans son nouveau roman, Le Moment magique, l'action se situe au printemps 1949, à Paris. C'est l'époque des terrasses de cafés, des 4CV Renault, des Citroën longues et luisantes, des cendriers jaunes Martini et des carafes Saint-Raphaël, des formes féminines en taille de guêpe, de Jean-Paul Sartre déblatérant son existentialisme au Flore, mais aussi des silhouettes de Boris Vian et de Picasso. La liste serait sans fin. Une époque rêvée.

La ballade est belle, d'autant plus belle que c'est aussi l'ère du jazz, cette musique si profonde et pétillante. Miles Davis, le compositeur et trompettiste, découvre Paris pour la première fois. Il n'a alors que vingt-trois ans. Après le désenchantement qui marque l'après-guerre, il cherche sa voie et l'on sait qu'il la trouvera. Défilent aussi d'autres musiciens, Max Roach, Kenny Dorham, Kenny Clarke, Gerry Mulligan, Lee Konitz... Du beau monde pour ceux qui connaissent le jazz. Et, un soir, à Saint-Germain, Miles Davis rencontre Juliette Gréco. Il vient de répéter Embraceable you, qui sera à l'origine du renouveau esthétique qu'il guettait si ardemment. Commence alors une vie de bohème bienheureuse.

Quel est, au fond, le "projet" de Quentin Debray ? Comme dans son précédent roman, il tente le pari de réunir l'art et la réalité (historique et artistique) en un tissu si inextricable qu'il sera difficile de les démêler. Après Delacroix, voici Miles Davis. Par petites touches, on sent bien que Quentin Debray n'aime pas beaucoup les théories (celle de Jean-Paul Sartre par exemple, trop cérébrales) et qu'au contraire, il a bien plus ici d'affinités avec l'évocation réelle, sensible et romanesque du monde. Il s'agit donc de clore le tout, bien entendu à travers le roman, par une peinture du monde et de l'art réunis.

Toute son ambition esthétique est de parvenir à fondre cette évocation du monde dans un souffle narratif puissant qui emporterait quasiment tout ou presque sur son passage. Peut-être le seul défaut de l'auteur est-il de trop privilégier le style sur la narration, parfois. Le lyrisme devient ainsi trop prégnant à la longue, trop envahissant pour nous permettre de regagner la terre ferme. L'air manque. Quelques retours à la simplicité de ton seraient peut-être les bienvenus de temps à autre. De plus, Quentin Debray essaye d'ajouter à cette fresque intime et grandiose, le moment magique de l'amour, en une alchimie délicate, mêlant la narration romanesque et l'émotion poétique propre à l'art : nous faire à la fois comprendre et sentir le monde, aussi bien sa beauté que sa brutalité. Sur ce point, l'ambition de l'auteur est tout à fait cohérente.

Si l'écriture de Quentin Debray est ample, comme une profonde respiration, jouant par phrases agglutinantes, elle est aussi fine dans les détails à l'égal de certains peintres, les pointillistes pour ne pas les nommer, qui parsèment leurs tableaux de mille détails, profusion propre à faire tourner la tête (sur ce point, le travail historique de Quentin Debray est impressionnant). Une relecture s'impose donc pour en goûter toutes les finesses et les doublures. En un peu plus d'une centaine de pages, le roman est dense, capiteux comme un vin, aussi dense qu'un film de Peter Greenaway, si l'on peut oser ce parallèle cinématographique...


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 09/06/2008 )
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