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Littérature -> Romans & Nouvelles |
| Philippe de la Genardière L'Année de l'éclipse Sabine Wespieser éditeur 2008 / 26 € - 170.3 ffr. / 496 pages ISBN : 978-2-84805-065-2
Date de parution : 25/08/2008. Imprimer
Professeur de philo, cinquante ans, ayant rompu et avec son épouse et avec leur fille, abusant de lalcool, Basile est à la dérive : «Il ne comprenait plus le monde, ne laimait plus. Ou plutôt, cest ce qui le minait, il ne saimait plus» (première phrase du roman). Il se retire progressivement de sa vie, du monde, de lécriture de son essai, Eclipse philosophique. Rien dans la société ne lattire ou ne le convainc. Dépressif, il est en congé de lEducation Nationale et son seul point fixe est désormais son rendez-vous hebdomadaire avec le psychiatre, pour une analyse qui, elle aussi, semble se transformer en impasse.
La rencontre avec une jeune iranienne de lâge de sa fille, Shadi, va faire évoluer la situation. Basile, hanté par la question obsédante de linceste, va se perdre et se retrouver en se jetant à corps perdu, et à corps perdu seulement, dans une histoire résolument sans lendemain. Lun et lautre connaîtront une passion des corps mêlés, au coeur de laquelle ils parviendront à trouver plus ou moins des réponses aux interrogations qui les hantent, et à se retrouver ou se découvrir. Lun et lautre ont souffert dans leur enfance des engagements politiques de leur père, dans la guerre dAlgérie pour Basile, dans lIran de la révolution pour Shadi. Basile apprend progressivement le dépouillement et ses vertus, jusqu'à une scène finale qui lui fait affronter une SDF parisienne ; scène au cours de laquelle le lecteur hésite entre le ridicule et le malaise.
Au travers du parcours hésitant de Basile, Philippe de la Genardière conte bien ce malaise de la cinquantaine, tu par une société hédoniste, entièrement consacrée à linstant présent. LAnnée de léclipse est aussi le roman dune génération - celle de Philippe de la Genardière né en 1949 -, adolescente durant la guerre dAlgérie ; génération qui se jette à cur perdu dans un militantisme politique, clé de tous les espoirs, qui sépanouit au printemps 1968 et seffondre tout aussi brutalement dans le bruit des chars soviétiques entrant à Prague quelques mois plus tard.
On aimerait adhérer totalement à ce récit touffu, mais on se sent aussi écrasé par tant de références littéraires, musicales et politiques, tant de pages «bien écrites» ; de belles choses mais aussi des boursoufflures
A limage de son héros, Philippe de la Genardière aurait peut-être grandi à se délester
En dépit de ces réticences, un roman intéressant, comme souvent dans le catalogue des éditions Sabine Wespieser.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 29/08/2008 ) Imprimer | | |
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