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''Mon père était tellement de gauche...''
Bernard Chambaz   Yankee
Panama 2008 /  20 € - 131 ffr. / 250 pages
ISBN : 978-2-7557-0365-8
FORMAT : 15cm x 20cm

Date de parution : 29/08/2008.
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Deuxième volet qui en appelle irrésistiblement un troisième, Yanquee fait suite à Kinopanorama ; et la virtuosité de Bernard Chambaz nous ravit au point d'envisager avec tristesse la parution de l'ouvrage qui clora définitivement sa trilogie, Mes disparitions. Drôle, émouvante, semée de clins d'œil historiques et fleurant bon l'autodérision, l'écriture à la saveur délicieusement typique entraîne le lecteur dans un univers où la vie offre sans mesquinerie des petites joies, des peines amères, de grands espoirs et d'immenses déceptions.

Retrouvant le parfum des décennies passées à l'ombre du Parti, B. Chambaz nous raconte son père Jacques, communiste intègre tendance intégriste, et leur relation faite de complicité et d'oppositions pourtant essentielles ; il nous parle aussi de sa passion du football et de son étrange désir de la concilier au goût de la littérature, sur fond de matérialisme dialectique. Il recrée en un peu plus de deux-cents pages le souffle qui a animé une époque, nous transportant des les cours de récréation des années 1950 aux réunions d'un PC moribond à la fin des années 1980, de l'invention de la bombe atomique à l'enterrement en grande pompe à Moscou d'un utopiste américain ami de Lénine, avec une liberté du ton que ni la chronologie ni le respect des convenances ne parviennent à entraver. Des mocassins jaunes, le chandail échancré d'une jeune fille, les premières manifestations, quatre arcades sourcilières explosées (ou plus exactement une arcade sourcilière recousue quatre fois), une grand-mère américaine, la rentrée scolaire qui fait écho à la Fête de l'Huma, l'auteur choisit des faits simples, des anecdotes signifiantes pour dérouler le cours fluide d'une histoire familiale hors-norme et cependant capable d'illustrer très clairement le destin d'au moins trois générations de Français.

On voudrait que tous les romans contemporains soient écrits avec la maîtrise qui caractérise Yanquee : voici un ouvrage qui ne confond pas sobriété et indigence du style, simplicité et pauvreté du vocabulaire ou méconnaissance de la grammaire. Il est possible d'utiliser un subjonctif imparfait sans que la phrase n'en paraisse le moins du monde pompeuse. Il est possible d'introduire ellipses et mises en abîme dans le récit sans que celui-ci n'en devienne illisible ou décousu. Mieux, Yanquee se dévore avec la facilité d'un roman d'aventure tout en conservant suffisamment de corps pour sustenter intellectuellement, esthétiquement et presque affectivement son lecteur. Les relations humaines, au cœur du roman, sont retranscrites avec finesse et délicatesse, les ambitions politiques au sens noble du terme (et donc non privé) englobent des problématiques lourdes et, toujours, une subtile ironie vient nimber le tout d'une lumière doucement nostalgique, cruellement objective.

Bien entendu, il est des gens qui ne partageront pas les présupposés de Bernard Chambaz et moins encore ceux de son père Jacques – heureusement, serait-on tenté de dire. Mais tout d'abord l'hommage au père ne se transforme pas, ici, en épitaphe figée et corsetée dans un conformisme politique de mauvais aloi ; et surtout, l'auteur introduit une distance entre les faits relatés et son roman tant par l'humour que par l'écriture elle-même. Il est permis de supposer que ce n'est pas aux Pionniers que l'on introduit les petits garçons aux mystères des Évangiles, et la connaissance de ces derniers qui transparaît pourtant à plusieurs reprises dans les références utilisées montre une ouverture d'esprit et une curiosité à laquelle la double appartenance – l'URSS par l'engagement du père, les USA par les origines de la mère – le prédisposaient peut-être : les jugements à l'emporte-pièce sont rares, pour ne pas dire inexistants dans le livre, bien que le lecteur puisse avoir en le refermant une idée assez précise du positionnement de Chambaz sur l'échiquier politique.

On peut donc parler avec ce nouvel opus, non d'une surprise puisque l'auteur avait déjà fait montre à plusieurs reprises de son talent – rappelons pour exemple qu'il a reçu le Prix Goncourt du premier roman -, mais d'un ouvrage aussi impropre à décevoir ceux qui l'attendaient qu'il est parfaitement jubilatoire pour le public qui ignorait encore tout de Bernard Chambaz.


Aurore Lesage
( Mis en ligne le 24/09/2008 )
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