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L'esprit contre le corps
Alberto Moravia   Lettres d'amour à Lélo Fiaux
Zoé Editions 2014 /  18,50 € - 121.18 ffr. / 112 pages
ISBN : 978-2-88182-929-1
FORMAT : 14,7 cm × 21,6 cm

René de Ceccatty (Préfacier)
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Les éditions Zoé proposent un ouvrage curieux, original et très intéressant. Grâce à la collaboration du musée Jenisch Vevey, elles éditent les lettres qu'Alberto Moravia (1907-1990) a écrites à Lélo Fiaux (1909-1964), une artiste peintre rencontrée en 1933 dans une rue de Rome. Leur correspondance (du moins celle retrouvée, qui regroupe 30 lettres de Moravia) n'est pas plus imposante que la relation qu'elle décrit (quelques mois qui débouchent sur un avortement et une rupture). De 1933 à 1937, Moravia ne parviendra pas à oublier Lélo et le lui signifiera dans des lettres très touchantes et qui souvent tranchent avec l'idée que l'on a du célèbre romancier (qualifié de subversif et porté sur le sexe).

En effet, Moravia est amoureux, et du coup un peu stupide et frustré par un amour qui dure peu et qui se perd au fur et à mesure du temps face à l’absence. Lélo est l'exemple type de la femme affranchie, style garçonne indépendante des années 30, en pleine crise d'émancipation libertaire (pas de famille, pas de patrie, pas de travail), qui collectionne les aventures sexuelles sans s'attacher véritablement, et qui vit de son art. Alberto, plus sentimental et chez qui l'amour spirituel l'emporte sur la trivialité sensuelle, souffre et demande à la belle peintre de lui donner des nouvelles, de venir le voir, de le comprendre et de l'attendre. Mais c'est ignorer le destin d'une femme libre qui sait ce qu'elle veut en matière d’amour et de sexe ; à lire Moravia, il semblerait qu’il ait été mis sur la touche assez rapidement. Curieusement, c'est au moment où l'écrivain rencontre Elsa Morante (1912-1985) que la dernière lettre à Fiaux est envoyée. Après, plus rien...

Moravia se veut extrêmement sensible à l'amour sublime et aux sentiments bien plus qu'au désir purement physique (qui, lui, semble prédominer chez Fiaux). Pire, il dénature l'acte bestial au profit d'un amour malheureux et lointain teinté de romantisme. Les deux individus voyageant énormément, ils finissent par se perdre géographiquement, puis affectivement. C'est aussi une lutte symbolique entre l’écriture et la peinture ; cette dernière a le pouvoir définitif de représenter n'importe quelle contrée quand la première a besoin de tout un environnement psychologique, et du coup amoureux, pour produire. Moravia travaille dur durant ces quatre ans et publie quatre livres. Mais le ton est pessimiste (la guerre d’Éthiopie approche...) et l'écrivain préfère la solitude aux plaisirs faciles qu’il côtoie durant ses voyages.

Ces lettres à Lélo Fiaux constituent donc une très jolie curiosité. L'homme est écrasé par sa peine mais le ton est digne, et l'on imagine l'absence se creuser entre les deux êtres. Moravia s'intéresse même aux hommes qui partagent la vie de sa bien aimée, histoire de faire encore partie des meubles, d'être le compagnon fidèle, celui qui aime plus que les autres. Résultat, une autre femme prendra sa place, définitivement.

A noter également la très agréable mise en page de l’ouvrage avec la présence en papier glacé de photos des deux protagonistes et de certains tableaux de l'artiste. Un beau livre comme on aimerait en découvrir plus souvent.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 10/11/2014 )
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