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Une histoire d’hommes, de rivière et de combats…
Ken Kesey   Et quelquefois j’ai comme une grande idée
Monsieur Toussaint Louverture 2013 /  24.50 € - 160.48 ffr. / 795 pages
ISBN : 979-10-90724-06-8
FORMAT : 16,0 cm × 23,5 cm

Antoine Cazé (Traducteur)
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Ken Kesey (1935-2001) est surtout connu en France pour son roman Vol au dessus d’un nid de coucou (1962), que Milos Forman avait en 1975 adapté à l’écran avec Jack Nicholson dans le rôle vedette. Son second roman, Et quelque fois j’ai comme une grande idée (Sometimes a Great Nation), avait lui aussi été adapté au cinéma, par Paul Newman, sous le titre Le Clan des irréductibles (1963). Il n’avait jamais été traduit en français ; c’est aujourd’hui chose faite, grâce aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, fidèles à leur politique éditoriale : publier les auteurs américains peu ou pas connus en France et les textes oubliés ou inconnus. Et le faire avec un superbe travail éditorial et le respect de ses lecteurs qui pousse jusqu’à décrire en dernière page les aspects techniques du livre que l’on vient de lire (typographie, papier, etc.). Le plaisir de la lecture est redoublé par la beauté de l’objet-livre.

Une très belle couverture de Blexbolex pose le décor : des tons bleus, verts, rehaussés de jaune éclatant, un fleuve immense, des troncs d’arbre à la dérive, une maison isolée sur la rive, une hache de bûcheron, et en quatrième de couverture, un homme vu de dos, torse nu, mains sur les hanches. C’est cette histoire d’homme(s) et de rivière, de bûcheronnage, de combats, d’aventuriers dans une nature puissante, que nous raconte Ken Kesey. Une histoire qui s’inscrit dans une des grandes traditions romanesques américaines : l’homme face à la nature, mais aussi l’esprit pionnier, l’individu face aux institutions, le clan… Elle s’inscrit également dans une autre des traditions, celle du Jack London, romancier engagé, celui de Talon de fer, et des romans sociaux.

Un roman «d’hommes», même si les femmes ne sont pas absentes, objets de désir et de rivalité, un roman écrit d’un souffle halluciné. Dès la première phrase, le lecteur est entraîné : «Dévalant le versant ouest de la chaîne côtière de l’Oregon… viens voir les cascades hystériques des affluents qui se mêlent aux eaux de la Wakonda Auga…». La rivière est un des personnages du roman, de ce roman où l’eau est omniprésente, rivière, pluie, boue. Rivière et forêt : Ken Kesey est aussi un des héritiers de Henry David Thoreau pour la place qu’il accorde à la forêt, mais nombres de passages du livre rappellent aussi le Faulkner de Tandis que j’agonise. Pour autant, s’il est l’héritier d’une littérature américaine, Ken Kesey a sa propre voix, originale, forte, qui ne ressemble à aucune autre, et qui transporte son lecteur dans un univers rude, cruel et beau.

800 pages de lecture exigeante, mais quel plaisir ! Un récit incroyable où alternent moments de pure beauté lyrique, et descriptions, dans la tradition du roman réaliste, de combats sans merci entre la famille Stamper - le clan dominé par un vieux patriarche borné dont la devise est : ne lâche jamais rien -, et le fils Hank, qui s’oppose aux bûcherons de la Wakonda. La grande compagnie qui leur achète le bois, la Wakonda Pacific, refuse la moindre concession et fait face à une grève des bûcherons locaux qui veulent de meilleures conditions de travail. Les bûcherons pourraient peut-être l’emporter mais la famille Stamper accepte de négocier le contrat de la Wakonda Pacific et joue les briseurs de grève. S’ajoutent au combat syndical des rivalités familiales dans le clan Stamper, le retour du demi-frère de Hank venu «aider» le clan : Lee, l’intellectuel introverti, animé d’une haine farouche à l’égard de sa famille, haine qu’il compte bien assouvir grâce à cette occasion inespérée.

Des personnages forts, complexes, un récit qui saute de l’un à l’autre, heurté ou fluide selon les moments. Au cœur d’un même paragraphe, le récit, soulignant le point de vue des personnages, passe de l’un à l’autre sans avertissement… tout comme le style qui peut être télégraphique, puis puissamment lyrique, ou simplement descriptif.

Un monument de la littérature ! Saluons aussi le très beau travail de traduction d’Antoine Cazé.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 11/12/2013 )
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