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La Messe de l’abbé de la Croix-Jugan
Jules Barbey d'Aurevilly   L’Ensorcelée
Flammarion - GF 2016 /  5.90 € - 38.65 ffr. / 250 pages
ISBN : 978-2-08-137939-8
FORMAT : 10,8 cm × 17,8 cm

Jean-Pierre Seguin (Préfacier)
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«J’ai tenté de faire du Shakespeare dans un fossé du Cotentin» - Barbey d’Aurevilly


Barbey d’Aurevilly (1808-1889) est un écrivain qui, comme Hugo, son ennemi, aura parcouru le XIXe siècle. Au moment où parait L’Ensorcelée (1854), il a publié Une vieille maitresse ainsi que Le Cachet d’onyx et Léa qui sont deux nouvelles célèbres (1830 et 1832). Son œuvre romanesque importante reste à venir, avec Le Chevalier Des Touches (qui devait initialement constituer la suite de L’Ensorcelée), Un prêtre marié et Les Diaboliques.

L’idée dans ce roman macabre est de rendre hommage à la chouannerie, en la personne de l’abbé de la Croix-Jugan, sorte de loup solitaire estropié et sacrifié par la vie, en mêlant le réalisme romanesque, l’étrangeté des contes gothiques et le fantastique, genres qui fondent la marque de fabrique de l'auteur. Si le projet de Barbey est de faire un livre profondément normand, on ne trouve pas moins dans ces pages la présence de personnages torturés (aux sens physique et moral du terme) qui vont droit à la tombe. L’abbé, face à la défaite des chouans, rate son suicide, puis il est torturé par des républicains avant de réapparaitre complètement défiguré dans sa bourgade du Cotentin. Marie Jeanne, mariée à un noble, tombe secrètement amoureuse de lui, ce qui aura pour conséquence fâcheuse de la précipiter dans le lac voisin où elle périra mystérieusement. Cette tragique disparition occasionnera alors un massacre, lié aux suspicions, aux commérages, aux traditions meurtrières de la région en guerre. L’amour est en fait le vrai nœud du malheur, source de trouble diffus, d’impossibilité tragique, de renoncement, de pleurs, de sang, de meurtre…

En soi, l’histoire n’a pas grand intérêt, si ce n’est qu’elle conforte la philosophie quelque peu réactionnaire de son auteur. Chez Barbey, c’est le style éloquent et le cadre lugubre qui prédominent. Tout est flamboyant chez lui, même le sordide ; on peut, dans L’Ensorcelée, reconnaitre comme un esprit de Sade dans les descriptions du vice, les détails scabreux en moins. Barbey écrit en 1849 à son ami Trebutien : «En un tel sujet, il y a bien mieux que les livres, ce sont les récits, les traditions domestiques, les choses qu’on se raconte de génération en génération, les commérages, tout ce qui peut bien ne pas avoir l’exactitude bête du fait brut, mais qui a la grande vérité humaine d’imagination, le sentiment de la réalité de mœurs et d’histoires. Je prends tout. Bruits sur les hommes d’alors, préjugés, superstition, légendes, (les légendes surtout, Trebutien !)… Tout ce qui sera caractéristique de notre pays, mœurs, langage, habitudes, contes à dormir debout, je prends le tout avec reconnaissance».

Même si L’Ensorcelée n’est pas aussi abouti que son œuvre romanesque à venir (ce qui explique la relative méconnaissance de ce livre, y compris à l’époque, quand seul Baudelaire manifestait son admiration), tout Barbey est déjà là. La mise en abyme (un personnage raconte cette histoire au narrateur qui l’accompagne à cheval dans la nuit, dans un bois obscur sous un temps froid), la profonde imprégnation psychologique des personnages, la dimension historique avec ses traditions sociales et religieuses et son aspect étrange voire fantastique (chose curieuse quand on connait l’admiration de Barbey pour le réalisme balzacien). D’ailleurs la tournure finale laissera le lecteur quelque peu sceptique.

Avec L’Ensorcelée (ensorcelée par l’amour), histoire étrange, Barbey d’Aurevilly n’a pas d’autres dessein que celui de dessiner l'endurance à la souffrance et la mort qui en découle.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 08/02/2016 )
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