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Ecrivain visionnaire
André Suarès   Ainsi parlait André Suarès
Arfuyen - Ainsi parlait 2020 /  14 € - 91.7 ffr. / 171 pages
ISBN : 978-2-84590-303-6
FORMAT : 12,0 cm × 18,5 cm

Antoine de Rosny (Compilateur)
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. «L’artiste est le seul homme qui soit vraiment en vie, avec l’amant» - A. Suarès.

Quelle belle idée que de réunir les aphorismes de nos moralistes classiques dans cette collection "Ainsi parlait", des auteurs malheureusement de moins en moins lus, et en voie de passer écrivains de seconde zone : Bloy, Bernanos, Péguy, Leopardi, Thoreau, et à présent André Suarès (1868-1948). Auteur intrigant, secret et exigeant (il consacra sa vie à la littérature, loin des mondanités pratiquées par ses contemporains Gide, Claudel ou Morand), Suarès écrivit une centaine d’ouvrages, dont un grand nombre parurent après sa mort. Citons les plus célèbres : Tolstoï, Wagner (1899), Sur la mort de mon frère (1904), Dostoïevski (1911), Idées et visions (1920), Le Voyage du condottière (1932), Valeurs (1936), Vues sur l’Europe (1936) ainsi qu’une correspondance avec André Gide, Romain Rolland ou encore Charles Péguy.

Suarès était un moraliste classique chez qui catholicisme et traditionalisme se mêlaient à un pacifisme lié à une critique de la technique (et plus généralement de la modernité). Aujourd’hui, cet homme érudit et pessimiste passerait pour un hurluberlu aux yeux des profanes ! Et pourtant, sa lucidité sur le monde est déroutante parce que visionnaire et authentique. Ces apophtegmes, d’une écriture tout à fait savoureuse, synthétique et élégante, sont de petits chefs d’œuvre de morale universelle, de vision humaniste et de scepticisme sur l’évolution des mœurs, le progrès, le matérialisme. Les grands intellectuels sont ceux qui voient juste, 30, 40, voire 50 ans avant les cataclysmes qu’ils prédisent. Suarès a parfois un siècle d’avance ici. Sur les écrans (!), sur l’aspect violent et abrutissant des démocraties modernes, sur la décadence d’une société régie par la technique, sur les élites, les journalistes, etc. Il est assez déroutant de lire des textes qui ont un siècle et qui déjà prédisaient de manière juste et quasi professorale (il n’aimait guère cette caste, en dessous de celle des artistes, selon lui) nos institutions technicistes et décadentes !

Les thèmes abordés sont la musique (un langage touchant la sensibilité), l’obsession de la mort, la presse (qu’il hait pour les mêmes raisons que Kraus, lui aussi véhément et concerné à ce sujet), la perte de la foi, la décadence morale, le sexe, l’amour, la religion catholique, la lecture. Ces pensées ont un point commun, elles émanent d’un artiste seul, désenchanté, ivre de littérature, et qui voit dans les années 1900-1930 un monde se dessiner dans une modernité qui éloigne l’individu de principes de base, justes, voire chevaleresques. Suivent d’autres réflexions plus philosophiques sur la misère de l’existence, les valeurs de l’homme ou encore la passion de l’amour et du sacrifice. Enfin, c’est une ode à la création littéraire, en opposition au système qui tend à l’écraser, à la dénigrer, à la mépriser. L’écrivain est un être singulier que sa sensibilité éloigne du commun des mortels. Et pourtant, il est un guide intellectuel dont l’humilité et la force de travail impressionnent.

Citons quelques fulgurances pour illustrer sa pensée:

«L’anarchie est partout. Les femmes veulent être des hommes. Les enfants veulent être des hommes. Les chiens veulent être des hommes. Et les hommes qui ne veulent rien, sont chiens et vivent en chiens».

«La grandeur se mesure couchée, dans la mort et la défaite».

«Je ne vis que de différences, de qualité et de nuances. Je ne suis pas près d’être compris. Un grand journal est la plus grande entreprise de mensonge, et la plus solide des machines à diffamer».

«La mécanique moderne, qui fait de l’homme un automate bientôt partout pareil, d’un bout du monde à l’autre, pourrait bien n’être qu’une maladie mortelle de l’évolution».

«Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre. Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce termite finira par ne plus lire.

Ce dernier extrait a été écrit en 1928... Suarès était un génie qu’il faut découvrir, ne serait-ce que pour la grande variété de ses ouvrages dont les aphorismes sélectionnés ici donnent un réel aperçu de sa pensée.


Simon Anger
( Mis en ligne le 14/10/2020 )
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