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''Un laboratoire de possibilités humaines''
Paul Auster   Invisible
Le Livre de Poche 2013 /  7,6 € - 49.78 ffr. / 312 pages
ISBN : 978-2-253-17472-1
FORMAT : 11cm x 17,6cm

Première publication française en mars 2010 (Actes Sud, puis Babel 2012)

Traduction de Christine Le Boeuf

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Magistral... La critique pourrait freiner ici, sur l'épithète, et se contenter du surplace.

Avec Invisible, Paul Auster enthousiasmera le lectorat de ses nombreux fidèles, parfois déçus - le mot est bien sûr trop fort - par ses précédents titres, courts, affleurant ses problématiques plus qu'ils n'y plongeaient. La problématique austérienne : comment la création littéraire parvient-elle à assumer sa fonction ontologique ? Quelle est ce miracle par lequel, partant du vrai, l'écrivain construit du faux pour dire des vérités plus grandes encore ? Étranges gigognes que ces territoires patchworks faits de la vie et de fantasmes.

Avec Invisible, Auster dit tout cela, à nouveau et mieux qu'ailleurs, y compris dans ses propres romans. Invisible comme l'écrivain, qui noue, tisse, coud et casse les passerelles entre ces univers. Magistral donc ; une magistrale leçon de littérature, ce "laboratoire de possibilités humaines".

Le narrateur est un double d'Auster qui ne surgit qu'après qu'a débuté une première histoire, d'abord racontée à la première personne par un certain Adam Walker : ce premier narrateur se souvient du temps de ses études - littéraires ; il est aspirant poète et travaille dans une bibliothèque new-yorkaise pour financer ses cours à Columbia, bien qu'il vienne d'une famille aisée. Fin des années soixante, naissance de l'hydre vietnamien. Adam croise alors un professeur français, érudit esthète : Born, mystérieux et séduisant, qui lui offre dès leur rencontre de financer un projet de revue littéraire... et de coucher avec sa jeune compagne, Margot. Ce qu'il fait... Peu de temps après survient un événement qui va changer sa vie.

On comprends ensuite que ce premier récit est un manuscrit, des mémoires, qu'Adam vieillissant, et agonisant (il est atteint d'un cancer), envoie à Jim, véritable narrateur du roman, écrivain - reconnu - de son état. Pour demander conseil, orienter l'écriture dans ce projet de roman autobiographique. Entre les deux anciens amis de la fac, un lien se renoue et se renforce alors que Walker envoie à Jim la suite de son roman, toujours autobiographique mais à la narration redirigée : ici Adam se tutoie pour confesser l'inavouable.

Je-Tu-Il. La narration prend un nouveau visage encore et un autre virage. A Paris cette fois. Alors que, aujourd'hui, Adam se meurt, meurt, est mort, et que Jim prend le relai pour terminer son histoire : "En parlant de moi-même à la première personne, je m'étais étouffé, rendu invisible, je m'étais mis dans l'impossibilité de trouver ce que je cherchais. Il fallait que je me sépare de moi-même, que je prenne du recul et que je libère un espace entre moi et mon sujet (moi-même en l'occurrence) (...). Je devint Il".

Voyage dans le temps, l'espace, la narration ; valse allant de la mémoire à la réalité, de la vérité à la fiction. Le curseur se déplace sans cesse, animé par cet ''Invisible'' - l'écrivain, son daïmôn. Vertige littéraire à l'itinéraire pourtant maîtrisé de main de maître. Et si tout finit de façon abrupte sur une île des Caraïbes avec une chercheuse du CNRS ménopausée, on fera bien mal justice à Paul Auster en pensant que ce n'était pas là la meilleure manière de terminer le voyage.

Magistral.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 02/10/2013 )
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