L'actualité du livre Vendredi 29 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Littérature Américaine  
 

Dissection d’une disparition…
Stewart O'Nan   Chanson pour l’absente
L'Olivier 2010 /  23 € - 150.65 ffr. / 375 pages
ISBN : 978-2-87929-690-6
FORMAT : 14,5cm x 22cm

Traduction de Jean Lineker
Imprimer

Dans son nouveau roman, Stewart O’Nan nous détaille la lente déliquescence d’une bourgade américaine tout ce qu’il y a de plus moyenne («Kingsville», y a-t-il un nom plus banal pour une ville des USA ?), après la disparition mystérieuse et inexpliquée d’une adolescente, Kim, durant l’été de ses 18 ans.

Dans leurs moindres détails, tous les gestes, toutes les réactions de l’entourage immédiat de Kim sont analysés, disséqués : le dispositif policier, qui semble aussi inefficace qu’opaque aux yeux de la famille, la jeune sœur qui ne veut en aucun cas mêler son désarroi réel aux manifestations outrancières de ses parents, le petit ami qui se rend peu à peu compte de la place qu’occupait Kim dans sa vie et dans son cœur, les deux amies qui semblent percées d’un trou béant par cette disparition, enfin les parents : le père qui alterne moments de déprime, avec l’envie de tout envoyer en l’air, et moments d’hyper activité où il se dépense sans compter – mais hélas sans résultat - pour retrouver la moindre trace de sa fille ; la mère, organisatrice-née, qui va dans cette tragédie exploiter à fond ses capacités de «chef d’opération» quasiment militaire : se succèdent des émissions de TV où les parents se relaient pour passer des messages pathétiques au supposé ravisseur de leur fille, des rassemblements surfaits censés rappeler la disparue à la mémoire de ceux qui restent, des battues dans les environs de la ville, d’où la véritable armée réquisitionnée pour l’occasion revient bredouille.

Et puis il y a l’envers du décor : la curiosité souvent malsaine circulant sur Internet, la mère qui sombre dans l’alcool et les somnifères, la sœur qui s’isole peu à peu du reste du monde et en particulier de ses parents, le petit copain qui se console avec une des meilleures amies de Kim, le père qui plus que tout voudrait que cette affaire se termine, d’une façon ou d’une autre. Les mois passent, rythmés par les saisons ; l’affaire quitte peu à peu la une des journaux, quelques indices donnent de faux espoirs, c’est aussi le premier Noël sans Kim, la résignation arrive pour tout le monde, jusqu’à la vérité, presque banale.

L’auteur, qui a gardé de son passé d’ingénieur un sens du détail quasi scientifique, dissèque jusqu’à la trace la plus infime le long cheminement de chacun vers l’acceptation de la situation ; les points de vue alternent, chacun des proches se replie sur la pensée et le souvenir qu’il souhaite garder de Kim, sans véritablement échanger avec l’autre, comme si ce chemin vers le découragement ne pouvait s’accomplir que seul. O’nan nous détaille aussi l'Amérique fantomatique des pavillons sans âme, des pelouses trop parfaites, des motels tellement anonymes, des petites villes effrayées par un drame qui bouleverse le train-train de leurs habitants. Ni pathos ni complaisance dans son style, les émotions sont dans les détails, mais aussi dans la banalité des réactions de chacun, où le lecteur peut se reconnaître à chaque page. On regrettera peut-être quelques longueurs dans le détail de certaines scènes. Ce bémol mis à part, la lecture de cet ouvrage est fortement conseillée !

«Il suivit la même route qu’elle, dépassa les mêmes sorties, les mêmes aires de repos, les mêmes panneaux publicitaires, prit la même dangereuse rocade pour éviter le centre de Cleveland, en se demandant si, sur cette partie du trajet, elle était encore dans la voiture. L’I-90 coupait le Nord de l’Etat, une ligne droite très fréquentée, notamment par des poids lourds. Il se souvint des théories sur un tueur en série laissées dans le livre d’or et comprit qu’il ne pouvait plus les éluder, ne fût-ce que parce qu’il suivait la route».

Stewart O'Nan est né en 1967 à Pittsburgh, il vit à Avon (Connecticut). Après une première vie d’ingénieur, une deuxième d’enseignant, il se consacre maintenant à plein temps à l’écriture. Il a écrit sur les guerres du Vietnam (Le Nom des morts, 1999), du Pacifique (Un monde ailleurs, 2000) de Sécession (Un mal qui répand la terreur, 2001) ; il est salué comme un des romanciers américains les plus originaux. 


Michel Pierre
( Mis en ligne le 20/08/2010 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Un mal qui répand la terreur
       de Stewart O'Nan
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd