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L'Amérique de Philip Roth
Philip Roth   L'Amérique de Philip Roth
Gallimard - Quarto 2013 /  11 € - 72.05 ffr. / 1137 pages
ISBN : 978-2-07-014110-4
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Josée Kamoun (Traducteur)

Contient :

- Pastorale américaine
- J'ai épousé un communiste
- La Tache
- Le Complot contre l'Amérique

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Ce volume parcourt cinquante années de l'histoire américaine, de l'avant-guerre aux années 1980, au sein de la communauté juive de Newark, une banlieue new-yorkaise. Philip Roth est l'un des romanciers les plus réputés du XXe siècle, connu pour des oeuvres comme Goodbye, Columbus (1959) ou Portnoy et son complexe (1969). Il développera un «cycle Zuckerman», itinéraire d'une sorte de double fictionnel. Le romancier autopsie les rapports humains dans des fictions critiques et détaillées.

Voici ici réunis quatre romans qui mettent en perspective l'Amérique à partir de la Seconde Guerre mondiale (Le Complot contre l'Amérique), détaillant ensuite le mouvement de la contre-culture (Pastorale américaine), la guerre froide et l'anticommunisme des années 1950 (J'ai épousé un communiste), le mouvement anti-raciste (La tache). Si l'on peut lire les romans l'un à la suite de l'autre, il serait plus judicieux pour en suivre la chronologie de les prendre dans l'ordre, ce qui permet de suivre l'évolution et l'angle d'attaque de Philip Roth dans cette critique des grands mythes américains.

Dans un roman comme La Tache par exemple, Philip Roth nous plonge dans l’Amérique des années 90, la fin de la décennie Clinton, alors qu’éclate le scandale Monica Lewinsky. L’auteur raconte l’histoire d’un professeur de lettres classiques, Coleman Silk, ex-doyen d’une petite université du Massachusetts, Athena College. La carrière de ce professeur vole en éclats à la suite d’un incident. Coleman Silk s’est irrité de l’absence permanente de deux étudiants en demandant s’il s’agissait de «zombies», en anglais de «spooks», ce qui signifie ''spectre'' mais peut être également utilisé comme une injure raciste (intraduisible ici mais on dirait ''bougnoule''). Or les deux étudiants absents étaient noirs, ce que Silk ignorait, et pour cause puisqu'ils ne sont pas venus en cours. La plainte de ces étudiants contre Coleman Silk est une bonne aubaine pour certains de ses collègues qui ont eu à souffrir de son caractère. Ceux qui l’appréciaient jusqu’alors n’ont pas envie de compromettre leur carrière en prenant sa défense. Silk se retrouve isolé et démissionne ; ce qui est interprété comme un aveu de sa culpabilité.

Or, Coleman Silk est noir mais à cause d’un imbroglio génétique, il semble blanc ! Ce qui permet à Philip Roth de critiquer autant le racisme habituel que l’hystérie anti-raciste américaine. Car Coleman a fui le ghetto noir de son enfance, l’humiliation quotidienne de son père méprisé à cause de la couleur de sa peau. A cause de cela, il a plongé dans une vie de mensonges et s’est construit une nouvelle identité de juif américain blanc. Pour désamorcer le piège, il suffirait que Coleman révèle sa véritable identité... mais un tel aveu est impossible : sa propre famille, sa propre femme, ses propres enfants ignorent qu’il est noir... Coleman est pris au piège de ses mensonges...

Philip Roth élargit cette "tache" et en fait l’attitude existentielle falsificatrice que l’individu opère dans la relation à son être. L’histoire implique que si Coleman Silk avait été «visiblement noir», il n’aurait pas été accusé de racisme. On peut donc émettre l'hypothèse d’un «racisme inversé» : étant donné que Coleman Silk est «visiblement blanc», on met bien en cause sa couleur de peau d’une façon indirecte pour l’accuser de racisme. Le romancier s'en prend aussi à la déculturation générale et opère un portrait à la fois drôle et acerbe de l'université américaine (positions dominantes, rivalités entre professeurs et personnel administratif).

Philip Roth développe donc une optique critique de l'Amérique en débusquant les clichés habituels, revisitant les moindres faits pour en donner dans le détail une tout autre lecture. D'une écriture générale simple, le romancier est décapant et passionnant.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 24/01/2014 )
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