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Albany, 1938
William Kennedy   L'Herbe de fer
Belfond - Vintage 2018 /  18 € - 117.9 ffr. / 283 pages
ISBN : 978-2-7144-7931-0
FORMAT : 14,0 cm × 20,5 cm

Marie-Claire Pasquier (Traducteur)
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Albany, état de New-York, Toussaint 1938 : en ces jours sombres de la Dépression, dans un camion, Francis Phelan, cinquante-huit ans, ce jour-là, exceptionnellement, travaille ; il est chargé de combler de terre les tombes fraîches du cimetière catholique, parmi lesquelles reposent les membres de sa famille.

L’étrangeté qui nimbe le roman débute immédiatement avec la description du cimetière et les visions de Francis. Il voit les morts... vivre, occupés à leur quotidien, comme fumer des racines sèches ou tresser des pissenlits. Ils échangent aussi quelques mots avec les vivants qu’ils connaissent. Certes, Francis boit comme un trou mais, même à jeun, il voit ses chers disparus.

Il n’y a presque pas d’intrigue, nous faisons un bout de chemin avec ces êtres déchus, femmes et hommes tombés sous le poids de la Crise, tués aussi par l’alcool, une rébellion qui les a mis à la rue, souvent un malheureux concours de circonstances. Si au début on peut penser qu’ils ont toujours été les hôtes des soupes populaires ou des foyers pour indigents, on découvre peu à peu qu’il n’en fut rien.

William Kennedy, d'une écriture poétique très imagée et un style unique nous fait remonter dans les vies de Francis, brillant joueur de base-ball, de Helen, son amie, ancienne musicienne prodige. Ils n’ont pas eu de chance dans leur vie. Tout autour d'eux, une troupe d’éclopés pitoyables, avec leurs malheurs et leurs failles.

C’est la grande Dépression citadine, et les pauvres deviennent des clochards. Une grève des tramways et une manifestation en 1901, pendant laquelle deux hommes ont été tués par l’armée, servent de départ à l’histoire de Francis Phelan. On croit voir parfois des scènes de cinéma muet où le burlesque le dispute au drame. Car bien vite, le sourire s’efface devant la dureté des temps, le fond impitoyable de certains personnages derrière les murs des rues sombres et délabrées, dans des hôtels miteux aux lits crasseux, une vie gangrénée par la misère.

L’auteur manifeste une grande empathie pour cette société de déclassés. Francis, homme libre malgré la faim, dort dans le froid et doit rendre chaque coup pour survivre. Le récit, d’un réalisme saisissant, raconte ces dures conditions de vie et étonne aussi à travers l’introspection à laquelle se livre le héros. On entre dans sa peau et dans une âme détruite par des années d’errance et d’alcoolisme. «Je ne suis pas une cloche, je suis un vagabond (…) En vérité je suis quelqu’un d’errant, un voyageur».

Une nouvelle traduction admirable (la première date 1986), par Marie-Claire Pasquier qui signe une postface très intéressante sur l’histoire d’Albany. Ce roman a obtenu le prix Pulitzer en 1984. La grande Herbe de fer appartient à la famille des tournesols : le nom évoque la robustesse de la tige.


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 07/12/2018 )
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