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| Littérature -> Littérature Américaine |
| Rick Bass La Rivière en hiver
Christian Bourgois 2020 / 20,50 € - 134.28 ffr. / 228 pages
ISBN : 978-2-267-03258-1
FORMAT : 12,0 cm × 20,0 cm
Brice Matthieussent (Traducteur)
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Il est un genre littéraire peu utilisé en France et fort important dans la littérature anglo-saxonne : la nouvelle. Dans ce recueil, Rick Bass démontre - s’il en était besoin - à quel point ce genre, loin d’être mineur, permet de toucher le lecteur.
Moins familier du public français, même si c’est son quinzième ouvrage publié aux éditions Christian Bourgois (bien connues pour la qualité de leur catalogue), Rick Bass est un romancier des grands espaces, de la littérature du Montana, son lieu de résidence. Aux Etats-Unis, son oeuvre est reconnue et a été récompensée à plusieurs reprises par des prix prestigieux qui honorent les auteurs de nouvelles : le Pushcart et le O.Henri Award.
La Rivière en hiver rassemble huit nouvelles qui toutes parlent de la Nature, des hommes et des rapports qu’ils entretiennent avec elle ; les héros sont des personnages un peu cabossés ou légèrement fêlés, leurs aventures sont minuscules sans doute au regard des autres, mais représentent des expériences intenses auxquelles s’associe sans restriction le lecteur.
Un jeune adolescent tente, sous les yeux du village rassemblé, un saut fou dans la rivière gelée, pour aider à repêcher un pick-up (''La Rivière en hiver'') ; un homme apprend à un néophyte à chasser l’élan, il en résulte un récit haletant sur une expérience d’amitié incommunicable mais perçue par les autres ("Elan") ; une vieille femme proche de la mort se refuse à vendre sa terre à l’envoyé d’une compagnie pétrolière ("Chasseur de baux") ; un père, installé par goût et par métier avec sa famille au coeur d’une forêt, emmène ses filles couper le sapin de Noël, et tous trois échappent de peu à un dangereux couguar ("L’Arbre bleu").
«Wilson, un bûcheron, vit dans la forêt avec sa femme Belinda et leurs deux filles. Il est un peut trop vieux pour abattre des arbres - quarante cinq ans -, mais il a toujours réussi à se remettre de ses erreurs, comme s’il portait en lui une part de grâce».
Et c’est toujours, d’une façon ou d’une autre, de grâce qu’il s’agit dans ces huit récits puissants, émouvants, qui parlent d’humanité et de fragilité, de rencontres fugitives qui marquent une vie durant, telle cette femme alcoolique qui offre son cône glacé à son chihuahua qu’une petite fille croise lors d’une excursion avec son père et qu’elle n’oubliera jamais.
Des décors nostalgiques telles cette fête foraine sur le point de fermer, la ferme en ruines de la vieille femme, la station service : «à une centaine de kilomètres à l’ouest de Fort Worth. C’était en pleine campagne, le long d’une route au gravillon rougeâtre semé d’ornières, une route qui ne menait nulle part. On voyait les gens arriver de très loin». Et dans cette station service, un jour, la pêche d’un poisson-chat avive toutes les envies…
Dès la première phrase de chaque nouvelle, le lecteur est emporté : «C’est Matthew qui a tué l’élan. J’essayais seulement d’apprendre comment on faisait». ("Elan") ; «C’était la fin mars dans le Montana et l’automne en Amérique du Sud». En apparence, une banalité revendiquée... et soudain tout un univers qui se déploie…
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 16/10/2020 )
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