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Fragments d'Amérique
Mamadou Mahmoud N'Dongo   Bridge Road
Le Rocher 2009 /  6,50 € - 42.58 ffr. / 167 pages
ISBN : 978-2-268-06762-9
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication en 2006 (Le Serpent à plumes).
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Bridge Road est le premier roman, originellement paru en 2006, de Mamadou Mahmoud N'Dongo, écrivain, cinéaste et photographe né au Sénégal en 1970. Le narrateur anonyme de ce récit suit, le temps d'un automne, trois fils : tout d'abord, une jeune femme, Élodie Laudet, l'interpelle et le prend pour son amant, alors qu'il est certain de ne pas lui ressembler. Il enquête par la suite sur la disparition d'un jeune photographe, Alan Norton, obsédé par le lynchage atroce de l'afro-américain Clarence Brown à Bridge Road. Il tente enfin de découvrir qui était Javier Montería, l'amant d'Elodie, et de redonner à celle-ci le sens de l'amour.

Ces trois destins sont distincts, et pourtant, ils sont étroitement reliés : tous tournent autour d'une mort violente vouée à en entraîner d'autres dans son sillage. Le meurtre et la torture appellent inexorablement le suicide. Bien plus, le lien entre ces différents fils se fait autour de la question de l'identité : en enquêtant sur autrui, le narrateur se lance dans la quête de son moi. Il se fond dans le moule que ces individualités désormais disparues ont laissé vacant. Il construit sa propre subjectivité à partir des fragments de vie qu'il découvre.

Si les individus sont ainsi interchangeables, c'est que les hommes s'effacent derrière l'Homme. Les histoires individuelles laissent place à une réflexion sur l'Histoire universelle. À travers le récit de ces trois enquêtes, Mamadou Mahmoud N'Dongo nous entraîne dans l'histoire contemporaine américaine, marquée par les discriminations raciales et les meurtres d'hommes noirs. L'auteur déclare d'ailleurs explicitement avoir été inspiré par Sud, un film documentaire de Chantal Akerman portant sur une affaire de lynchage. La ville de Bridge Road, dont le sol regorge encore du sang des massacres qui ont marqué son passé, laisse filtrer par bribes des lambeaux de l'identité des États-Unis.

L'écriture fragmentaire se fait mimétique de ces morceaux de mémoires individuelles et collectives. Le narrateur mène son enquête à partir de multiples témoignages, parfois elliptiques, troués, obsédés par les mêmes images traumatisantes qui reviennent et se répètent à la manière d'une ritournelle tragique. Le lynchage de Clarence Brown, la découverte de ce qui reste de son corps, se répètent ainsi ad libitum, comme une photographie qui s'imprimerait durablement dans la mémoire de celui qui la contemple. Le récit est miné de l'intérieur par la polyphonie, l'oralité (le narrateur procédant par enregistrements), les différents idiolectes des locuteurs, la confusion des voix et le dialogisme, qui rendent l'écriture fortement hétérogène. La disposition formelle du texte sur la page, le jeu sur la typographie (l'alternance entre caractères romains et italiques), participent également de cette poétique du fragment.

Mamadou Mahmoud N'Dongo a conscience d'écrire après les écrivains du Nouveau Roman et de travailler comme eux sur la déconstruction du récit. Mais son œuvre est également marquée par d'autres influences : l'écriture scénaristique et cinématographique, qui procède par descriptions de plans, de séquences et de captations d'images, mais aussi, la littérature américaine – on pense à Truman Capote, à F. Scott Fitzgerald, ou encore à Vernon Sullivan, le pseudonyme de Boris Vian pour, entre autres, J'irai cracher sur vos tombes et Les Morts ont tous la même peau.

Dans ce premier roman, Mamadou Mahmoud N'Dongo travaille donc sur la déconstruction des genres (le polar noir) et de l'écriture fictionnelle. D'emblée, il se révèle comme un artiste marqué par différentes techniques d'écriture, mêlant l'influence du cinéma et de la photographie, et fasciné par l'histoire sociale et collective.


Françoise Poulet
( Mis en ligne le 25/03/2009 )
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