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Purger Katrina
Dave Eggers   Zeitoun
Gallimard - Folio 2013 /  7.70 € - 50.44 ffr. / 416 pages
ISBN : 978-2-07-045382-5
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm

Clément Baude (Traducteur)

Première publication française en avril 2012 (Gallimard - Du Monde entier)

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Figure littéraire et intellectuelle américaine, Dave Eggers, jeune encore (il est né en 1970), écrit, produit et s'engage. On connaît de lui l'entreprise éditoriale McSweeney's. Il a récemment fondé les ateliers de lecture et écriture pour enfants défavorisés ''826 Valencia''. C'est au croisement de ces préoccupations littéraires et sociales que Zeitoun s'inscrit aussi, dont les droits d'auteur seront entièrement reversés à une association œuvrant pour la reconstruction de La Nouvelle Orléans et la respect des droits de l'Homme suite à l'ouragan Katrina : La Zeitoun Foundation.

Car Katrina fut un drame total : humain et écologique, social et politique, humanitaire et moral. En faisant le récit d'une famille prise dans la violence de ces mauvais vents - dont ceux soufflés par l'ouragan, on le comprend ici, ne sont pas les plus dévastateurs -, Dave Eggers dresse le portrait héroïque d'un homme sur celui, piteux, de la société l'entourant : raciste, apeurée, violente et inhumaine.

Abdulrahman Zeitoun, ou une anti-Amérique en effet, dans ce que l'Amérique peut secréter en elle-même de plus... anti-américain. Loin du culte de la démocratie et de la défense des droits de l'individu, Zeitoun, modeste héros, subit l'intolérance et la désorganisation suite au cataclysme climatique. Alors que l'ouragan approche, la famille de cet entrepreneur Syrien dans la fleur de l'âge, époux de Kathy, américaine convertie à l'Islam, et père de trois enfants, décide de fuir plus au nord. Mais Zeitoun reste, pour veiller au grain, les maisons et les chantiers en cours, ses employés et... finalement, la ville entière.

Car les digues ont sauté et La Nouvelles Orléans sombre sous des mètres d'eau mangeant maisons et quartiers. Dans le silence de la cité noyée, évacuée et surveillée par la Garde nationale dépêchée de tous les États américains, Zeitoun file sur l'eau apaisée et cherche à porter assistante, ici à un vieux couple isolé, là à des chiens affamés, point insensible à la beauté tranquille de la cité abandonnée. Alors que les médias s'affolent, crient au drame, aux meurtres, à la violence décuplée par l'absence d'ordre, et affolent sa famille comme les autorités. Zeitoun en paie les frais, et se retrouve emprisonné malgré lui, accusé de terrorisme et traité comme un paria, dans une prison devenue zone de non-droit, un Guantanamo au nom de Camp Greyhound.

L'itinéraire est ubuesque. Dave Eggers en retranscrit chaque épisode, de l'imminence de la tempête - partir, rester ?... - à la libération de l'homme à la dignité violée. Il prend le temps de dépeindre la famille Zeitoun, classe moyenne parfaitement intégrée, n'était cette religion qu'on suspecte, qui inquiète, mais qu'il explique en peu de mots, banalise et nous rend belle, si l'on doutait de sa beauté. A partir de leurs témoignages, l'écrivain coud un récit simple et tragique, d'un style sans fioriture, efficace mais pas journalistique. Les bourrasques se mêlent aux souvenirs familiaux, l'enfance et la jeunesse syriennes, l'importance des frères, le goût pour l'horizon, le sens de l'honneur, la piété à tous égards (religieuse, familiale, humaine), touchante même lorsque notre ''bonhomme'' s'inquiète du sort des chiens perdus dans les étages de villas désolées. Un bâtisseur, homme de foi, pris dans l'étau d'un double ouragan climatique et humain.

Eggers force-t-il le trait ? Sans doute. Zeitoun, homme de chair, est magnifié par les mots du romancier, prenant ici figure de patriarche, une posture quasi biblique quand on y pense, qu'il s'agisse de faire face au déchaînement des éléments ou à l’absurdité des petites peurs accoucheuses des grandes violences. Des photos intercalées dans le récit nous rappellent qu'il s'agit pourtant d'une histoire vraie, qu'il s'agit d’aujourd’hui et d'une société qui, malgré l'effroi à la lecture, nous ressemble. Soyons-en avertis...


Thomas Roman
( Mis en ligne le 15/11/2013 )
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