|
Littérature -> Poches |
| Martin Page L’Apiculture selon Samuel Beckett Seuil - Points 2014 / 4,90 € - 32.1 ffr. / 80 pages ISBN : 978-2-7578-3913-3 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en janvier 2013 (L'Olivier) Imprimer
Tout lecteur connaît la répugnance de Samuel Beckett pour les déplacements. Répugnance qui lamena jusquà refuser de se rendre en Suède pour y recevoir le prix Nobel de littérature qui lui avait été attribué. De même, quand le célèbre Jan Jonson le contacte pour lui demander lautorisation de monter En attendant Godot dans une prison suédoise avec pour acteurs des détenus, il préfère donner un accord téléphonique rapide plutôt que davoir à se déplacer.
En réalité, Beckett a décidé, sous la pression des journalistes, de se consacrer à la mise en ordre de ses archives. Lui qui, dit-il, égare régulièrement papiers, brouillons et manuscrits, se trouve alors devant un travail pharaonique. Aussi fait-il appel à un jeune futur anthropologue désargenté qui, entre deux passages écrits de sa thèse, va lui apporter une aide généreusement rétribuée.
Une relation légère sinstalle entre les deux hommes, relation dont ils savent tous deux quelle est éphémère. Ils en savourent dautant lurgence. Et notre jeune anthropologue se fait, avec une certaine délectation, le complice de la création plus ou moins fantaisiste dune vie, pour la postérité et le grand bonheur de sérieux universitaires.
Affublé de tenues extravagantes et sans cesse renouvelées, Beckett reçoit son assistant dans son appartement et le régale de sandwiches saugrenus et de tartines dont il déplore de ne pouvoir les enrichir, pour linstant, du miel qui les rend si joyeuses. Car les abeilles sont la grande affaire de Beckett. Sur le toit de son immeuble, il a amoureusement disposé six ruches. Au milieu de ses abeilles bourdonnantes et laborieuses, il se sent un peu à la campagne. Leur présence laide à soigner ses angoisses, elles sont devenues sa thérapie, au sortir de lappartement dans lequel il vit presque reclus. Pour les remercier du miel quelles veulent bien lui donner, il va, avec une élégance absurde, leur offrir, comme un amoureux éperdu, une foison dorchidées
Martin Page écrit là un court roman distrayant et fantaisiste sur un Beckett dont la pudeur et le refus de participer à une vie publique laisseront le lecteur songeur...
Anny Lopez ( Mis en ligne le 31/01/2014 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:La Disparition de Paris et sa renaissance en Afrique de Martin Page Peut-être une histoire d’amour de Martin Page Une parfaite journée parfaite de Martin Page | | |
|
|
|
|