L'actualité du livre Jeudi 28 mars 2024
  
 
     
Le Livre
Littérature  ->  
Rentrée Littéraire 2021
Romans & Nouvelles
Récits
Biographies, Mémoires & Correspondances
Essais littéraires & histoire de la littérature
Policier & suspense
Classique
Fantastique & Science-fiction
Poésie & théâtre
Poches
Littérature Américaine
Divers
Entretiens

Notre équipe
Essais & documents
Philosophie
Histoire & Sciences sociales
Beaux arts / Beaux livres
Bande dessinée
Jeunesse
Art de vivre
Poches
Sciences, écologie & Médecine
Rayon gay & lesbien
Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un auteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Littérature  ->  Poches  
 

Début
Milena Michiko Flasar   La Cravate
Seuil - Points 2014 /  6,30 € - 41.27 ffr. / 172 pages
ISBN :  978-2-7578-4528-8
FORMAT : 10,9 cm × 17,7 cm

Première publication en août 2013 (L'Olivier)

Olivier Mannoni (Traducteur)

Imprimer

Taguchi Hiro se terrait dans sa chambre depuis bientôt deux ans. Ohara Tetsu venait de perdre son emploi et le cachait à sa femme. Le jeune hikikomori rencontre l’homme qui a gardé ses allures de salaryman sur un banc dans un parc. «Je ne tentai pas de me faire des illusions. Hier comme aujourd’hui, mon but était d’être seul avec moi-même. Je ne voulais rencontrer personne. Rencontrer quelqu’un, c’est s’impliquer. On noue un fil invisible. D’humain à humain. Une foule de fils. Dans tous les sens. Rencontrer quelqu’un, c’est devenir une partie de son tissu, et c’est cela qu’il fallait éviter». Pourtant, ces êtres qui se cachent vont peu à peu se confier l’un à l’autre. Non sans peine. Chacun d’eux surmonte les craintes qui l’envahissent quand il se livre, le dégoût que les confidences de l’autre lui inspirent pour que progressivement leur «relation minimale» devienne «une amitié minimale».
 
Ohara Tetsu commence, son mariage avec Kyoko, celle qui «se lève à six heures pour préparer (s)on bento. Depuis trente-trois ans. Chaque matin à six heures. Et le plus beau de tout : c’est bon !» ; Taguchi Hiro continue, son amitié avec son camarade et poète, Kumamoto : «Sous l’une des bandes adhésives, je lus : L’enfer est froid. Le vers le plus parfait qu’il eût produit à ce jour, dit-il. Le feu de l’enfer n’est pas de ceux qui réchauffent». L’enfant né malade, l’ami fauché par une voiture, celle qui se suicide, victime peut-être de notre silence, la carrière brisée, les leçons de piano. La conversation se poursuit entre les deux hommes.

Milena Michiko Flasar décrit avec finesse la société japonaise, d’un jeune hikikomori - du nom de cette pathologie qui conduit de jeunes Japonais à rester enfermés chez eux pendant plusieurs mois voire plusieurs années - à l’employé licencié par son entreprise dans un pays où l’emploi à vie a longtemps été la norme. L’auteur procède avec nuances. Les parents de Taguchi Hiro l’ont obligé jeune à prendre des leçons de piano. Son professeur est dur et exigeant, presque comme ces stéréotypes qu’on véhicule sur l’homme Japonais. Mais, pendant que sa femme agonise et alors qu’il donne ses leçons au jeune homme, il rit, choquant son élève qui n’entend pas la subtilité de ce rire : «Je ris parce que je sais qu’elle aime que je ris. J’y mets de la tristesse. Tu entends ? Il se remit à rire. Elle doit savoir que je suis triste qu’elle parte. J’y mets de la gratitude. Tu entends ? Il ne s’arrachait plus à son rire. J’y mets tout ce que je ressens pour elle. Elle le sait. Elle l’entend. Mon rire doit l’accompagner. Il s’était effondré par terre en riant».

Roman d’apprentissage, La Cravate est un récit dans lequel un homme à l’abandon redonne progressivement goût à la vie à un jeune homme qui s’est retiré trop tôt du monde. Progressivement, Taguchi Hiro renonce à sa chambre, son mutisme, son enfermement. Celui dont «Je ne peux plus» était devenu la «devise», son «exergue», attend de retrouver l’homme qu’il avait simplement surnommé «cravate» à tel point que «le dimanche soir, il n’était plus que (s)on faible souhait d’avoir encore une fois l’opportunité de lui dire (qu'il) aimerai(t) être son fils».


Grégory Prémon
( Mis en ligne le 12/11/2014 )
Imprimer
 
SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

 
  Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
Site réalisé en 2001 par Afiny
 
livre dvd