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Hymne à la liberté…
Dominique Fernandez   On a sauvé le monde
Le Livre de Poche 2015 /  8.10 € - 53.06 ffr. / 672 pages
ISBN : 978-2-253-06857-0
FORMAT : 11,0 cm × 17,0 cm

Première publication en janvier 2014 (Grasset)
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Un roman dense et flamboyant qui rassemble les thèmes de prédilection de Dominique Fernandez : l’amour, la passion pour l'art et en particulier Caravage, Poussin, et de façon plus générale les Italiens, sa connaissance sensible de l’Italie et de la Russie, et un plaidoyer vibrant pour l’homosexualité.

Plusieurs romans en un : au centre du roman, l’amour qui unit le narrateur étudiant en art, à Rome au début des années trente - c'est-à-dire au moment du fascisme triomphant - et Igor, jeune émigré, aristocrate russe, dont la famille a fui la révolution, et vite dans le dénuement à Rome. Un second roman : le roman d’espionnage, aventure dans laquelle Igor entraîne le narrateur et qui conduit les deux héros de Rome à Moscou et donne son titre au livre ; un troisième roman enfin, historique et politique, sur cette Europe des années trente ou plutôt ces deux villes, capitales de religion et de civilisation qui deviennent champs d’expérience privilégiés des totalitarismes, régimes neufs qui s’inventent entre les deux guerres.

Dominique Fernandez se livre à une analyse beaucoup plus subtile qu'une simple comparaison entre les totalitarismes, telles celles que l'on en a beaucoup lues ou entendues depuis les années 1980. Il décrit le poids des dictatures qui s'inventent à partir de deux observatoires : l’art (tout art n’est-il pas aussi propagande ? Question récurrente dans le roman) et l'homosexualité. L'illusion des deux héros est que la Russie née de la révolution saura rester fidèle à cet idéal, en particulier dans le domaine des mœurs, et Dominique Fernandez rappelle les quelques années de liberté offertes par le régime bolchevique, de brèves années. Toutes les illusions tombent au fil des pages, dans ce texte qui est une éducation sentimentale autant que politique. Toutes les icônes existent en filigrane du récit : Saint Sébastien percé de flèches, représentation d'une mort martyre mais également forte figure de la séduction ; Narcisse mort mais symbole de renaissance dans le tableau de Poussin avec les fleurs homonymes qui poussent autour de sa tête...

Plane sur le roman le souvenir des deux saint martyrs héros fondateurs de la Russie (et lointains ancêtres d’Igor…), Boris et Gleb, princes de Kiev, qui allèrent au-devant de la mort en chantant des psaumes : «Ils avaient ôté leur cuirasse et présentèrent aux flèches des archers leur poitrine couverte d’une simple chemise. Ainsi périrent-ils, sans défense, heureux de périr pour éviter une guerre civile et assurer à la Russie un développement sans heurt ni désastre sanglant». Et le thème central du roman est bien celui-ci : le thème du sacrifice volontaire, expiation individuelle de fautes collectives, qui se mêle nécessairement à la quête du salut.

Des pages brillantes sur l’interprétation des tableaux de Poussin, sur l’art en général et sa fonction, un panorama historique bien mené, des personnages nombreux bien campés qui illustrent la diversité des deux sociétés : des jeunes étudiants de l’Institut d’Art de Rome, partagés entre fascistes et antifascistes, aux membres inquiétants de la Guépéou au début de la terreur stalinienne. Peu de femmes, cantonnées dans des rôles un peu convenus : épouses russes nostalgiques de l’Ancien Régime, Giulia Falconieri aristocrate ruinée et glaciale, Wanda qui elle aussi participe aux jeux troubles et libres de l’espionnage…

670 pages qui se lisent d’une traite. Depuis Porporino ou les mystères de Naples qui avait reçu le prix Médicis en 1974, Dominique Fernandez est un romancier reconnu, il est aussi un grand écrivain de voyages, auteur prolifique et talentueux, auteur d’essais également. On a sauvé le monde rassemble ces voies diverses en promenant ses lecteurs de Rome à Moscou, au nom d’un principe absolu : la quête de la liberté et la reconnaissance de l’homosexualité qui en apparait ici comme un élément essentiel.

Hymne à la liberté et à la passion, On a sauvé le monde est aussi un roman qui oscille entre optimisme et pessimisme, et le narrateur, vieilli au cours de ce long récit de sa jeunesse, s’interroge sur ses illusions, la valeur du sacrifice… Ce qui reste finalement et qu’exprime la dernière phrase du livre : «Tu n’as rien compris à cette histoire si tu ne mesures pas ce qu’il m’en a coûté pour l’arracher au silence».


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 25/01/2016 )
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