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Littérature -> Poches |
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Naissance d'une "tantouze" | | | Graeme Aitken 50 façons de dire fabuleux 10/18 - Domaine étranger 2003 / 7.80 € - 51.09 ffr. / 327 pages ISBN : 2-264-03599-4 FORMAT : 11 x 18 cm
Traduit de l'anglais par Olivier Colette Imprimer
«Quest-ce que tu veux faire quand tu seras grand, Billy-Boy ?
Quand je serai grand, je jouerai les tantouzes.» Premier roman de
Graeme Aitken, 50 façons de dire fabuleux raconte lhistoire drôle
et émouvante dun petit Néo-zélandais aux prises avec sa sexualité
naissante.
Billy-Boy a douze ans et fort peu dintérêt, à priori, pour la vie de fermier à
laquelle son père le destine pour prendre sa suite. Fasciné par le théâtre
et les déguisements, il voue une admiration éperdue à sa tante Evelyn,
artiste frustrée et mère de Lou, avec qui il partage une relation privilégiée.
Lorsque les deux enfants recréent, dans les champs de navets, leur série
télévisée préférée, «Perdus dans lespace», Billy-Boy devient Judy.
Sétant affublé dune queue de vache pour ressembler à son héroïne
favorite, il décide de larborer à lécole, avouant, avec lingénuité qui le
caractérise : «Ma nouvelle apparence menchantait tant quil ne me vint
même pas à lesprit que dautres pourraient ne pas partager mon
engouement.»
En effet, ses camarades ne le comprennent absolument pas et lune des
moqueries quil suscite alors retient son attention. Demandant
lexplication du vocable «tantouzes», il se voit répondre quil sagit
d«hommes qui portent des perruques, qui se déguisent avec des
robes et
qui ont cinquante façons de dire fabuleux». Lexpression
«jouer les tantouzes» lui apparaît donc «théâtrale» et
«flamboyante» en accord parfait avec le «genre de mascarade
exotique» qui le fascine.
Prenant conscience de son homosexualité naissante, le jeune garçon
oscille entre culpabilité et incompréhension des désirs qui le
poursuivent. Graeme Aitken décrit avec pudeur et tendresse les
rendez-vous clandestins de Billy-Boy et de Roy, un camarade de classe
pour qui il éprouve une attirance mêlée de dégoût, mais aussi son coup
de foudre pour Jamie, le bel ouvrier agricole quil tente vainement de
séduire. Même dans des scènes dhomophobie flagrante quand
Billy-Boy se fait passer à tabac après un match de rugby, par exemple ,
Aitken préfère lhumour à lapitoiement et parvient à faire rire, non de son
héros, mais du décalage entre sa réalité et celle des autres.
Très convaincant sur la psychologie de ses personnages, Aitken lest en
revanche moins sur la structure densemble du récit qui souffre de
plusieurs invraisemblances et sencombre de détails quelque peu
téléphonés le départ précipité de Jamie à la fin du roman ou lamitié
retrouvée avec Lou, pour nen citer que deux. Australien dadoption,
Graeme Aitken tient à Sydney une librairie spécialisée dans la littérature
gay et lesbienne étiquette dont on peut regretter le côté restrictif, que
cela soit en termes de thèmes ou de lectorat. Auteur dune anthologie de
littérature gay australienne (The Penguin Book of Gay Australian
writing), il peint dans Vanity Fierce, son second roman, des
amours masculines, cette fois à lâge adulte. Adoptant, là encore, le ton
plein dhumour qui rend 50 façons de dire fabuleux si
sympathique.
Florence Cottin ( Mis en ligne le 10/10/2003 ) Imprimer | | |
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