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Dîner parisien…
Marc Lambron   Carnet de bal (4) - Chroniques
Grasset 2019 /  24 € - 157.2 ffr. / 492 pages
ISBN : 978-2-246-82273-8
FORMAT : 14,0 cm × 22,5 cm
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Une écriture élégante, un regard amusé, pour aborder d’une façon légère mais pas superficielle pour autant, des sujets contemporains, dont la diversité ajoute au charme.

Classés par grandes sections : Obituaire, Americana, Italica, Jazz, Rock, Cinéma… Franch Litterature… Macronie, etc., pour terminer sur Fantaisies, chaque ensemble de textes est un petit bonheur de lecture. Marc Lambron esquisse à traits vifs et avec humour des portraits, narre des anecdotes, telle cette vente aux enchères caritatives dont il fut un des lots : «Accompagner Marc Lambron pour un dîner parisien en très bonne compagnie». Et il commente : «Curieuse sensation que d’être adjugé sous le marteau d’un commissaire-priseur. Mais au milieu de la marchandisation lugubre du monde, il est agréable d’être vendu avec humour pour la bonne cause». En se plongeant dans ces chroniques, on entend la conversation brillante qu’on imagine (à tort ou à raison) accompagner ces «dîners parisiens», tout un art !

Si les chroniques commencent par l’évocation de personnalités disparues, Marc Lambron en leur rendant hommage sait trouver un ton original : «Edmonde Charles-Roux s’efface, et avec elle une femme qui goûta la vie comme un festin promis aux seigneurs. (….) Claude Lanzmann, une force de vie, une profération de justice, un Mensch qui devint acteur en se faisant témoin.(…) Simone Veil : l’image d’une patricienne en tailleur Chanel défendant à la Chambre la liberté de choisir (…) les spectacles de Johnny Hallyday resteront comme des autoportraits en forme d’ouragans».

Sans illusion, au lendemain de l’élection présidentielle, il note : «Chaque élection présidentielle prélude à une déception. (…) Nous serons déçus, mais il est honorable aux yeux du monde que le combat français soit conduit par ce jeune guerrier». Passent sous la plume de Marc Lambron stars, chanteurs, politiciens… Le trait peut être cinglant lorsqu’il recense les candidats à l’élection présidentielle : «Outre Fillon, nous avons Hamon : un sympathique esprit de petite république caraïbe, les feuilles de cannabis prenant la place des cigares cubains (…) Le Pen : la lourde belgitude d’un rexisme aux couleurs de la France (…) Le bonhomme Mélanchon, lui, porte la blouse de Bouvard et Pécuchet (…) Reste le Macron, Puck de la technostructure, Bonaparte ayant lu Marcel Gauchet (…)».

Il a le sens de la formule : à propos de la succession de Jean-Marie Le Pen qui intronise sa fille : «Cet archaïsme successoral accouchait ainsi d’un féminisme paradoxal». Il n’entre pas nécessairement dans toutes les modes comme le montre son résumé impertinent de L’Amant de Marguerite Duras, alors que celle-ci est éditée en Pléiade : «Un récit d’amour éperdu sous des palmes tropicales dignes de Pierre Benoît, des élans à la Lucie Delarue-Mardrus revus par un montage à la Jean-Luc Godard». Difficile de faire plus vachard avec autant d’élégance…

«L’écriture - remarque Marc Lambron, à propos du jazz - est aussi une façon de chercher la grâce, de prendre un solo pour voir jusqu’où ça décolle». Ces chroniques rassemblées, disparates, sous leur joli titre Carnets de bal, sont chacune à sa façon des moments de grâce, à parcourir, dans le désordre, au fil des envies, de la curiosité, du hasard… Un seul regret, minime : ne pas avoir ici l’origine des Chroniques.


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 10/01/2020 )
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