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| Littérature -> Récits |
| Pol Vandromme Bivouacs d'un hussard
La Table Ronde 2002 / 17.50 € - 114.63 ffr. / 230 pages
ISBN : 2-7103-2460-1
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Les bivouacs de Pol Vandromme sont parfois de bric et broc, décousus ; mais, le plus souvent, ce sont dintenses contemplations : celles dun ciel constellé détoiles littéraires, chéries par un journaliste qui, depuis les années 50, a fait profession de les servir. Ses témoignages, qui font un court instant craindre lexercice de souvenir roboratif, voire édifiant, sébrouent heureusement, comme frappés par la grâce du Verbe. Un peu à limage de la transformation de ce Fabrice del Dongo belge, au romanesque presque trop frais à ses débuts, et qui soudain se montre dans léclat de la maturité, révélant un jugement sûr, intelligent. Les bons observateurs viennent souvent des marges, tant géographiques quintellectuelles. Pol Vandromme navoue-t-il pas sêtre toujours senti en exil dans sa Wallonie natale, tant à cause de son amour de la culture française que de sa sensibilité au patriotisme de son père et au catholicisme maternel ?
La fidélité (non dénuée dun vif sens critique) à une culture déclinante est le terreau de cet esprit libre. Et lorsque vint lheure des choix pour le jeune homme, ce fut Dumas plutôt que Hugo, "la morale des duels [l'emportant] sur la morale des sermons, lallure à la hussarde sur celle des fantassins bénisseurs, le style sur la supplication, la cavalcade guillerette sur le lamento oratoire". Bref, en préférant la fiction de la liberté individuelle à la pesanteur de la religion du siècle, Vandromme se veut anarchiste de droite, "perturbateur pour rétablir lordre".
Proche de ceux des anthologies littéraires de Pierre de Boisdeffre (qui est pour la littérature léquivalent du Malet & Isaac avec la "sagesse réactionnaire" en plus), le ton et le fonds littéraire de Pol Vandromme éclairent le landernau de la France des lettres des IVe et Ve Républiques. Après cinq décennies de bons offices, il livre ici ses "ivresses et escagasseries littéraires", avec des exercices dadmiration et de démasquage dans lesquels Pol Vandromme sépare le bon grain de lécrivain de livraie du plumitif.
Armé dun "lhomme cest son style" a priori terne et banal (mais rare en des temps où la dialectique régnait sur le roman), le chroniqueur sert passionnément et à coup presque sûr sa maîtresse, la création littéraire. Aussi sera défendu "malgré tout" Montherlant. Comme violemment descendue en flammes Yourcenar. Et encensés, les hussards ou encore... Tintin ! Mais il ne sagit pas de jouer au petit jeu cultivé de la bibliothèque idéale selon Pol Vandromme, sinon de partir, avec lui, en quête dun type idéal décrivain : à savoir celui qui mène "une vie en discorde avec le siècle, une uvre à peu près en harmonie avec la littérature". Nest-ce pas aussi une description dans laquelle il souhaite se mirer ?
Vianney Delourme
( Mis en ligne le 17/04/2002 )
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