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Littérature -> Récits |
| Jean-Michel Maulpoix Pas sur la neige Mercure de France 2004 / 12 € - 78.6 ffr. / 130 pages ISBN : 2715224699 FORMAT : 12 x 18 cm Imprimer
De ces mots qui floconnent, que faire pour quils aillent dans un sens ? Comment peut-on allier le glissement des phrases et la justesse de voix, de ton et de termes ? Le poète répond par la maîtrise dun lyrisme critique dont la nature se situe «dans l'intervalle entre le propre et le semblable (
), étroitement noué à la reformulation contemporaine de la question de l'identité.» (Du lyrisme, essai critique paru en 2000 chez José Corti). Ce qui caractérise un tel lyrisme, cest donc son rapport à laltérité, à cette "autre chose" que lon tente détablir entre celui qui dit et ceux qui écoutent afin de mieux entendre. Il sagit de faire percevoir aussi bien la neige qui tombe, que là où elle tombe et doù elle provient. De faire trembler le sens pour en récolter le poids et le vertige.
Pas sur la neige titre inspiré dun prélude de Debussy relève non seulement de variations au sens musical du terme, mais surtout dune recherche déquilibre entre la langue et lentre-monde quelle exprime. «Lécriture est un léger malaise de la langue et de la lumière. Chaque fois que je reprends la plume, il neige dans la chambre, comme à regret.» Ici la poésie tient lieu de prolongement comme on peut lentendre dun geste qui prolonge la main qui prolonge la pensée. Limmanence saffirme par le pas, la transcendance par la neige qui devient adhérence, fluidité figée des formes. La trace demeure et glisse, se fait empreinte ou effacement peut-être est-ce cela qui caractérise lhumain, la conscience de trace dans son aspect éphémère et tenace ? Peut-être y a-t-il des attitudes de mots qui pèsent sur la terre dun poids de mémoire ?
«Celui qui marche sur la neige marche sur du ciel tombé. Il traverse des pays effacés, des lointains devenus très proches, et sen retourne vers une enfance plus vaste que la sienne.» Le voyage, cest ce à quoi nous confronte le livre, voyage de la vie par elle-même ; de ce rapprochement symétrique de la fin et du commencement ; de la ligne qui nest quun point autant que le point nest quun cercle. Et plus nous approchons dune frontière, plus «nos questions éclosent dans le vide comme les fleurs de cet infini dont nous oublions quil nous entoure.»
Daniel Leduc ( Mis en ligne le 23/06/2004 ) Imprimer | | |
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