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| Littérature -> Fantastique & Science-fiction |
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Une merveille de récit en boucle | | | Jonathan Carroll le Bûcher des immortels
Flammarion - Imagine 2000 / 15.88 € - 104.01 ffr. / 293 pages
ISBN : 2-08-067872-8
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Miranda Romanac n'a connu de l'existence que déceptions et désenchantements : experte en livres anciens à New York, elle vit seule et dispose pour toute source de joie de son amie d'enfance Zoë, à qui elle aime parfois se confier. Même son amour de jeunesse, James Stillman, l'a quittée, en mourant trois ans avant la commémoration par une désormais bande de trentenaires de leurs folles années de lycée.
Une étincelle semble pourtant embraser son morne quotidien lorsqu'elle rencontre le fringant Hugh Oakley, homme marié et père de deux enfants, qui n'hésite pas à abandonner son confort pour vivre auprès d'elle. Inattendue cerise sur le gâteau, Miranda se voit dans la foulée offrir un vielle bâtisse située sur une des rives de l'Hudson, à Crane's View, par une vielle amie, Frances Hatch. Un lieu étrange où Hugh meurt quelques jours plus tard sans que Miranda ait le loisir de lui apprendre qu'elle attend un enfant de lui.
A ce stade, le lecteur se demande bien où niche la science-fiction dont se réclame l'ouvrage. Avant de se prendre sur le coin de la figure une déferlante de supranormal à haute dose, présentée contre toute attente par une plume légère et anodine, comme si de rien n'était. Autant le dire tout de suite, à partir de la page 134 du Bûcher des immortels, on pénètre de plain-pied dans cet "autre monde" dont parle Frances Hatch, au passé aussi riche que tumultueux. Un univers dégagé des règles de la perception coutumière et dont la maison de Crane's View constitue à la fois l'alpha et l'oméga.
Miranda multiplie bientôt les visions de "fantômes", issus tant du passé que de l'avenir, le présent de la jeune femme allant ainsi en rétrécissant au fur et à mesure de toutes les existences possibles dont elle aperçoit des fragments : autant de parcours existentiels dont elle découvre rapidement qu'ils ne dépendent que des propres choix qu'elle a pu opérer à un moment ou un autre de sa vie lorsqu'elle a été au contact de leurs acteurs qui depuis sont morts, disparus ou pas encore nés.
D'évocations parapsychologiques en réminiscences réprobatrices, Miranda s'aperçoit qu'elle n'est pas un humain (mortel) comme les autres, mais que ses réincarnations successives l'ont amenée à "vampiriser" des milliers d'individus demandant maintenant que justice leur soit rendue… On hésite ici, parmi pléthore de références, entre reconnaître l'influence du Village des damnés ou percevoir chez Jonathan Caroll un écho du Sac d'os de Stephen King.
Une chose est sûre, le Bûcher des immortels est une surprenante méditation sur le déterminisme qui se dévore littéralement. En illustrant jusqu'à quel stade, selon la logique pervertie du point de vue adopté, "quand on est gosse : on n'a pas les mêmes monstres que les adultes", le romancier -récemment Grand prix de l'Imaginaire 2000 pour Collection d'automne (Denoël)- mitonne une merveille de récit en boucle qui confond la pluralité des dimensions du temps.
Un bijou supplémentaire que nous offre Jacques Chambon dans la collection "Imagine" de Flammarion.
Frédéric Grolleau
( Mis en ligne le 06/02/2001 )
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