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Littérature -> Policier & suspense |
| Dominique Dyens La Femme éclaboussée Denoël 2000 / 16.79 € - 109.97 ffr. / 240 pages ISBN : 2-207-25116-0 Imprimer
"Madame a quarante-cinq ans. Elle est belle et distinguée
" Monsieur, de dix ans son aîné, siège au comité de direction dune grande banque. Lui aussi est toujours élégant. Il ne parle jamais pour ne rien dire. Cest parce quil est important. M. et Mme Salernes habitent avec leurs deux enfants
Monsieur a acheté à Madame une boutique de cadeaux dans le VIIè arrondissement. Tous les matins, Xavier Bizot, caissier au Crédit Lyonnais attend linstant béni où Mme Salernes dépose sa recette de la veille.
Ce tableau de personnages figés dans leurs habitudes et leurs silences aurait pu rester longtemps accroché parmi les portraits dillustres ancêtres
jusquau jour où Madame prend un amant et découvre les plaisirs du sexe. Ce premier petit coup de poignard, presque invisible, au sein dune famille coincée, suscite la jalousie de lemployé de banque. Pour se venger, il décide de jouer les maîtres chanteurs et de salir lhonneur de cette femme idéalisée. Mme Salernes paiera-t-elle le prix du silence ? Le vernis sécaille en un crescendo frissonnant. Meurtre, enquête, suspense
Qui est lassassin ? Les masques tombent livrant les horribles petits tas de secrets de ces bourgeois constipés.
Lun des mérites de Dominique Dyens est de donner la parole à la femme de chambre qui observe tout avec humour et raconte à sa façon les habitudes de la maison. Le jeudi, cest le jour de largenterie, le vendredi de la cire
Du pot au feu à laccueil souriant à linspecteur, Henriette est parfaite ! Lauteur sait aussi créer lambiguïté, dépeindre Mme Salernes en femme délaissée, attachante. Les événements révèlent un monstre dégoïsme, une mère indifférente à la détresse de ses enfants. Mais nest-elle pas le jouet dun système dominé par largent et ses prérogatives ? Si la Femme éclaboussée se dévergonde, traverse les pires tourments, elle néchappe pas à son destin et sen retourne à ses dîners guindés après un cinq à sept volé. Madame retrouve alors son sourire apprêté, sonne la cloche du dîner pour la brave Henriette. Comme si de rien nétait !
Ce thriller se lit dune traite, aiguisé comme larme du crime, grinçant, palpitant, féroce et construit avec la précision dune formidable machine à broyer. Lauteur a su observer les moindres gestes dun milieu proche des romans de François Mauriac, où, derrière lapparence, les mondanités et les privilèges, se cachent duperies, convoitises et violences
Dominique Dyens semble connaître cet univers impitoyable, ces regards narquois dans des vêtements du dimanche. Un livre quon ne lâche pas avant davoir découvert la sinistre vérité
Emmanuelle de Boysson ( Mis en ligne le 24/10/2000 ) Imprimer | | |
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