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Les Ashbals, lionceaux du califat | | | Christian Blanchard Tu ne seras plus mon frère
Belfond 2021 / 19 € - 124.45 ffr. / 344 pages
FORMAT : 14,1 cm × 22,6 cm
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Le printemps arabe, débuté en 2010, voit les populations de Tunisie, Égypte, Libye et Syrie se rebeller pour mettre fin aux dictatures qui les gouvernent, avec un succès plus que mitigé. Le nouveau roman de l’auteur breton Christian Blanchard met en scène une histoire familiale syrienne dramatique, depuis 2011 jusqu'à son dénouement en France en 2019.
Bachar-El-Assad s’accroche au pouvoir, aidé par la Russie, dans l’indifférence totale du monde occidental. Chez les Berger, à Jir al Chogour, au nord de la Syrie, on fait pousser des melons et des pastèques depuis plusieurs générations. Le père est français et chrétien, la mère musulmane, les deux frères aînés ont des opinions politiques radicalement opposées : Kasswara, l’aîné, reconnu comme un sniper infaillible pendant son service militaire, s’engage dans l’armée de libération syrienne, opposée à la dictature mais disposant de peu de moyens pour résister. Son jeune frère Kamal devance l’appel pour être dans l’armée officielle de Bachar, lui aussi tireur d’élite. Pendant toutes les années de guerre civile, les deux frères se cherchent pour se tuer, participant à des combats toujours plus violents, impliquant des civils, avec l’expansion de Daech et des djihadistes qui doivent tuer le plus grand nombre de mécréants. Un califat est créé, l’Etat Islamique, avec la charia comme règle.
En 2019, Florence Dutertre, assistante sociale à l’Aide Sociale à l’enfance, accueille certains enfants revenant des camps syriens. Elle voit devant elle Youssef tomber sous les balles d’un sniper, alors qu’elle essayait d’organiser son intégration en France maintenant que l’Etat Islamique est décimé. Ces enfants, les Ashbals, ou ''lionceaux du califat'', très jeunes, abreuvés de vidéos de décapitations, de sang et endoctrinés par l’école du califat depuis leur premier âge, sont des bombes en puissance. Mais ils sont éliminés par un sniper bien renseigné sur eux dès leur retour en France.
Cette guerre fratricide est très complexe, désespérée pour les opposants qui s’affrontent sur un même terrain, leurs intérêts et idéologie divergeant : états arabes, occidentaux, russes, kurdes… Kasswara est le narrateur de la partie syrienne. Les enjeux y sont fort bien développés, illustrés par une fiction très réaliste. En France, la présence de ces enfants fait toujours débat. Ont-ils droit à une chance où sont-ils déjà nourris de la haine de l’Occident, prêts à servir de bombe humaine comme en Syrie ? Bachar El Assad résiste à toutes les pressions, toujours au pouvoir, au prix de tortures, et des massacres de son peuple, dans l’indifférence occidentale, avec la position ambiguë d'une Turquie qui agit selon ses propres intérêts. «Les terroristes islamistes souhaitent éradiquer toutes celles et tous ceux qui ne sont pas comme eux, qui n’ont pas prêté allégeance à Daech».
Un très bon roman qui permet de mieux connaître les problèmes politiques du Moyen Orient, à l’aide de la fiction ; un exercice rigoureux de la part de Christian Blanchard.
Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 28/04/2021 )
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