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Littérature  ->  Policier & suspense  
 

Le polar réinventa-t-il le cinéma ?
Dashiel Hammett   Histoires de détective (tomes 1 et 2)
10/18 - Domaine étranger 2002 /  / 352 pages
ISBN : 2264035218 / 2264035226
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Loin des spéculations intellectuelles alors caractéristiques du genre policier (cf. Agatha Christie), Dashiell Hammett, écrivain américain qui se fit connaître au début des années 20, transforme le genre en une interrogation sur la violence urbaine. Si bien qu’il est, avec Raymond Chandler, le plus brillant précurseur de la veine réaliste appliquée au polar. La force de son écriture vient d’abord de ce qu’il a connu ce qu’il dépeint : vivant un temps de divers petits boulots, il entre en 1915 dans une agence de détectives de San Francisco, la Pinkerton Agency.

Son regard en est forgé, et le précepte balzacien selon lequel "le social c’est le crime" devient également le sien, quoique dans un sens relativement différent. Dans ces nouvelles policières, l’écrivain est rapporteur de faits bruts (écriture "journalistique") et n’apporte pas explicitement de regard moral sur les petites affaires humaines (ce qui revient à le faire implicitement, d’ailleurs, mais d’une manière substantiellement différente). Acteurs et témoins de courts récits mettant en scène des affaires de sang – cristal rouge des passions humaines –, les hommes dépeints par Hammett s’appellent diversité et surtout : humanité. Détectives, journalistes, garçons de café et putes, naturellement, mais aussi retraités, paysans, bonnes... tout un petit peuple est croqué dans ses nuances. Le polar de Hammett ne réduit pas l’Amérique de la Prohibition à une succession de clichés, bien au contraire, il se rapproche (toutes proportions gardées) plutôt de l’âpreté des photos de Dorothea Lange.

Si Louis Ferdinand Céline a raison d’annoncer dès les années 30 qu’un certain roman est mort (celui de la tradition réaliste), tué par la concurrence de nouveaux moyens de montrer la singularité des hommes, l’on retrouve toutefois avec Hammett une tentative rare – car accomplie – de création systématique d’atmosphère et, plus encore, de récit polyphonique d’un milieu social, dans la continuité des grands romanciers du XIXe siècle.

Enfin, cette qualité narrative amène un autre commentaire : si Hammett est adapté au cinéma avec succès (Le Faucon maltais, La Clé de verre, Miller's Crossing, cela tient à la popularité du genre – le polar - mais aussi à la qualité de "mise en scène" d’un écrivain pour qui les objets et les lieux parlent autant que les sujets. En cela Hammett est grand. Et si Jean Baudrillard a pu dire son admiration de la télégénie américaine, qu’il s’agisse des "grands espaces sauvages" et des villes comme des hommes, on retrouve cette intuition esthétique chez Hammett, conjuguée à la force du précurseur.


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 06/06/2002 )
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