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Littérature -> Policier & suspense |
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D’une histoire banale qui tourne mal | | | Eric Halphen Maquillages Rivages - Thriller 2007 / 21.50 € - 140.83 ffr. / 397 pages ISBN : 978-2-7436-1702-8 FORMAT : 15,5 cm x 24 cm
Date de publication : 22/08/2007 Imprimer
Les gens comme il faut connaissent le nom dÉric Halphen. Les gens comme il faut, ceux qui achètent LÉquipe le samedi, se souviennent quil a tenu une chronique dans LÉquipe magazine il y a quelques temps. Les autres, ceux qui, par exemple, lisent Le Monde ou Libération, savent peut-être que, dans le civil, Éric Halphen est magistrat. Il est aujourdhui président du tribunal de Grande instance de Paris et il a été juge dinstruction. Quil a enquêté sur les affaires de la Mairie de Paris. Quil a vainement tenté dentendre à ce sujet le Président de la République de lépoque. Que les accusations contenues dans le dossier, avaient été qualifiées d«abracadabrantesques» par le Président lui-même. Bref, on a pas mal parlé dÉric Halphen à propos daffaires politico-financières et, tous comptes faits, son nom doit dire quelque chose à beaucoup de gens.
Dautant quil a déjà écrit ; des choses assez différentes : essais, ouvrages sur le sport, sur lart ou sur laccompagnement dune mère vers la mort. Avec Maquillages, nous sommes dans le polar. Donc un peu chez lui, entre flics et juges.
Maria, une jolie jeune femme, disparaît un soir, alors quelle rentrait tranquillement chez elle à Clichy. Son corps est retrouvé quelques jours plus tard. Lenquête est confiée à la Criminelle. À une équipe dirigée par Bizek, un flic homo et déprimé. Côté instruction, cest Jonas Barth, un juge veuf et triste du tribunal de Nanterre, qui hérite du dossier. Lhistoire tourne donc autour de ces deux-là. Mais il y a un monde fou avec eux. Léquipe de Bizek dabord : cinq autres flics, avec chacun une vie de petits malheurs et de bonheurs ordinaires. Nadine, une substitut du procureur de Nanterre, jeune et un peu tendre, dans un milieu qui ne lest guère, à la recherche dun homme pour la vie. José, le frère de Maria, qui voudrait comprendre et en attendant, perd le goût de vivre. Dautres encore.
Au milieu de leurs problèmes personnels, Barth et Bizek soccupent de laffaire Maria. Ils ont la confirmation que les gens sans histoires nexistent pas : tout le monde a une histoire. Parfois anodine, mais même ainsi, on peut se trouver embarqué dans quelque chose qui finit mal. Autre confirmation : les histoires criminelles sont souvent des histoires banales.
Éric Halphen mène son récit en passant continuellement des uns aux autres : deux pages et puis on change, avant dy revenir. Cest parfois frustrant, quand on voudrait continuer une piste qui a lair bonne, mais cela donne un certain dynamisme au roman. Pas de remplissage, on va à lessentiel, mais sans se priver de détails, sur la personnalité ou les pensées de chacun. Et puis, on a une bonne vision des deux facettes de lenquête : côté policiers (on est plutôt habitué à cette perspective) et côté juge dinstruction (cest plus rare). Éric Halphen connaît évidemment la procédure par cur, alors il propose au passage une petite visite du quotidien et du travail dun juge. Rien de très excitant a priori : des dizaines de dossiers en cours simultanément, remplis de beaucoup, beaucoup de misère et de bêtise humaines. Les magistrats apparaissent tels que certaines affaires médiatisées ont pu les révéler : ayant souvent moins le sens du service public que celui de leurs propres intérêts, repus de leur sentiment de supériorité sur le reste de leurs congénères, beaucoup plus déterminés à poursuivre des faibles ou des gens ordinaires, quà se frotter à des puissants.
Une intrigue solide au déroulement bien maîtrisé, des personnages authentiques, du réalisme dans les faits, du fatalisme et de lamertume pour lambiance : Maquillages est un polar classique et réussi.
Antoine Picardat ( Mis en ligne le 12/10/2007 ) Imprimer
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