| Denis Marquet Elisabeth Barrière Mortelle éternité
Albin Michel 2008 / 20 € - 131 ffr. / 359 pages
ISBN : 978-2-226-18662-1
FORMAT : 16,0cm x 24,0cm
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Dans leur collection de thriller, les éditons Albin Michel publient un roman efficace écrit à quatre mains par Denis Marquet (dont le roman Colère avait été remarqué en 2001) et Elisabeth Barrière. Des ingrédients certes connus : dans un commissariat new-yorkais se constitue un duo improbable : Jeff Mulligan, policier génial mais atypique, doué dune capacité étonnante à se faire des ennemis implacables, mais aussi des amis fidèles ; cynique et sans espoir, il est atteint dune blessure secrète qui ne sera révélée que dans les dernières pages du roman. Ann Lawrence, à lautre bout de léchelle sociale, est la fille dun brillant avocat, et, en dépit des projets paternels, elle sentête à entrer dans la police de New York. Elle incarne lidéalisme, face au policier obsédé par une justice qui doit être rendue sans se soucier des méthodes, alors que le père dAnn semploie à faire innocenter par les tribunaux des coupables qui ont les moyens dacheter ses services talentueux.
Un commissariat un peu miteux, des affaires quotidiennes sordides, des flics un peu minables, une réalité «glauque». Ann, affectée comme adjointe de Jeff Mulligan, observe avec stupéfaction et réprobation, dans un premier temps, les méthodes peu orthodoxes de son supérieur, dont elle subit le mépris. Et puis, brusquement, une mort qui pourrait être banale dans la grande ville : celle dune jeune femme, scientifique brillante, retrouvée chez elle la gorge tranchée ; un assassin qui simpose : un jeune noir à qui appartient larme du crime. Mais
Jeff Mulligan a vu la jeune femme, Lucie Milton, dans son bureau au commissariat, une demie-heure après sa mort
Qui a raison ? Le médecin légiste et les enquêteurs, ou Jeff persuadé que Lucy cherche à attirer son attention ? Qui manipule dans lombre témoins et acteurs divers ? Que signifie la correspondance d'emails échangée par Lucy et son fiancé Steve Buchanan ?
Jeff et Ann vont sacharner à chercher au-delà des apparences, contre toute raison, et retrouver des liens dispersés, remonter des pistes improbables qui les mèneront jusque dans le désert mexicain, où ils retrouveront Raul, enlevé au début du roman.
Denis Marquet et Elisabeth Barrière mènent avec adresse leur lecteur dans une intrigue à la fois simple et complexe ; simple car, dès les premières pages, la ligne directrice est posée : «lamour est plus fort que la mort» ; complexe car dans cette lutte contre la mort, destin de lhumanité, lutte entreprise avec des moyens inavouables, les deux auteurs conçoivent un réseau dintérêts, et éprouvent une réelle jubilation à mêler irrationnel et quête logique. Le récit est efficace, découpé en courts chapitres (2 à 3 pages), les dialogues sont vifs, les personnages, assez bien campés ; le thème du savant fou et du rêve dimmortalité fonctionne toujours, comme celui des liens douteux entre science et pouvoir.
On peut regretter que les lieux New York comme le Mexique - ne soient quà peine esquissés, en vagues toiles de fond, et de ne pas se laisser tout à fait prendre par le surnaturel, élément essentiel de lhistoire, mais il ne sagit que de reproches mineurs pour une lecture distrayante qui comble parfaitement le désir de divertissement du lecteur, et répond aux lois du genre.
Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 28/07/2008 )
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