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Henri au pays des merveilles | | | Patrice Pluyette La Vallée des Dix Mille Fumées
Seuil - Fiction et cie 2018 / 19 € - 124.45 ffr. / 320 pages
ISBN : 978-2-02-124002-3
FORMAT : 14,1 cm × 20,5 cm
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Patrice Pluyette confie aux lecteurs les pages à l'écriture délicate de son nouveau roman, sorte d'inventaire à la Boris Vian de tout ce qui nous échappe au quotidien, "entrer dans chaque étape, isoler une goutte de seconde qui allonge l'instant et permet de s'ouvrir à une sorte d'éternité". Monsieur Henri, presque octogénaire, après une immobilisation accidentelle, redécouvre le monde tel un nouveau né et tente de façon boulimique de tout revivre : les sons, les couleurs, les insectes, les arbres, les voisins, les tondeuse à gazon, les volcans, les océans, les montagnes, les villes, les livres et les mots qui les spécifient, qui les authentifient, scientifiquement, méthodiquement, avec les instruments de mesure adéquats.
Il commence son épopée par l'exploration de sa maison, de sa bibliothèque puis de son jardin et des environs ; mais l'infini l'attire et "il a trouvé un but ultime à son projet : la vallée des Dix Mille Fumées" en Alaska. Son voyage d'étude est validé par son médecin car tout de même un aventurier se doit avant toute chose d'avoir la santé. En compagnie dudit médecin, de sa gouvernante et du nouveau voisin "qui n'est pas si nouveau", dixit l'auteur, Monsieur Henri débute son périple dans une "Fiat Ducato 130... gris métallisé", aménagée en camping car.
De fait, les grands espaces seront confinés à... l'Hexagone, bien évidemment, mais, des volcans d'Auvergne (superbe étape narrative où des feux d'artifice simulent une éruption) jusque au Mont Blanc, rien n'altère l'enthousiasme de Monsieur Henri. De retour à la maison, il vivra dix ans de plus avec une nouvelle idée de destination, la dernière, celle qui est véritablement en terre inconnu et que ni Cook, ni Livingstone n'ont exploré, qui dépasse largement la cartographie géographique et dont on ne revient pas. "Monsieur Henri rend donc ce qui lui a été prêté : dons, sens, qualités, défauts, vitalité. C'est une naissance à l'envers".
Patrice Pluyette, à travers ce conte philosophique intemporel, nous ramène à notre monde intérieur et à notre rapport au monde. Une belle leçon de clairvoyance qui au fil des pages nous fait recouvrir la vue. L'écriture allie poésie, burlesque (Monsieur Henri dessine mal et ne sait pas se servir des instruments) et fluidité désarmante, malgré une terminologie scientifique énumérative omniprésente. Le dernier vocable du roman est "merci". Le lecteur quitte le roman avec dans l'esprit la même formule de politesse : merci pour ce beau voyage.
Raymonde Roman
( Mis en ligne le 14/11/2018 )
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