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Himmelstrasse
Santiago-H. Amigorena   Le Ghetto intérieur
Gallimard - Folio 2021 /  7,50 € - 49.13 ffr. / 192 pages
ISBN : 978-2-07-292146-9
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication en août 2019 (P.O.L.)
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Santiago Amigorena (né en 1963), écrivain, scénariste et réalisateur né en Argentine, est arrivé en France en 1973. Depuis plus de vingt ans, il consacre son œuvre écrite à ses mémoires et à sa famille tragiquement disparue, un projet proustien aux multiples ramifications. Dans ce récit, il évoque «le Ghetto intérieur», celui de l’exil ressenti par son grand-père Vicente Rosenberg qui a quitté la Pologne politiquement instable en 1928, seul, sans avoir essayé de convaincre sa mère de l’accompagner. «Il y a 25 ans, j’ai commencé un livre pour combattre le silence qui m’étouffe depuis que je suis né. Ce roman est l’histoire de l’origine de ce silence», dit l’auteur.

Vicente se marie à Buenos Aires avec Rosita Szapira, ashkénaze elle aussi, qui a rejoint l’Argentine avec sa famille bien plus tôt, en 1905. Ils ont trois enfants et une des filles sera la mère de l’auteur. Ils sont inquiets car l’Allemagne a envahi la Pologne en 1939. Le ghetto de Varsovie est construit, dans lequel vivent au début quatre-cent-mille personnes sur trois kilomètres carrés. Tous vont mourir petit à petit.

Au début, Vicente reçoit quelques lettres maternelles de plus en plus désespérées, auxquelles il pense de façon obsessionnelle. Il répète mentalement ces mots qui lui infligent une culpabilité intérieure grandissante. Pourtant en 1928, il était soulagé de se soustraire au carcan de Gustawa, un milieu typiquement juif. Cette indépendance le torture maintenant par la voix de sa conscience quand il réfléchit au sort des Juifs de Varsovie. Sa culpabilité le fait se haïr car Vicente ne supporte plus cette judéité qui définit toute sa personnalité, alors qu’auparavant, il n’était qu’un bourgeois parmi les autres. Il est confirmé dans cette identité unique par les antisémites. «Comprendre exactement pourquoi à ce moment précis de l’histoire, les antisémites allemands ont eu besoin, non seulement de définir les juifs, des les exproprier, de les concentrer, de les déporter mais de les détruire parce qu’ils étaient juifs, n’est pas chose facile».

Le problème de l’identité juive torture Vicente qui jusqu’à présent l’avait totalement ignoré, comme beaucoup de juifs dans le monde. Ce qui compte, c’est l’héritage juif, tellement lourd à porter, qui rend l’identité inéluctable, irrévocable, le peuple juif étant à cette époque sans état, sans armée, peuple élu de Dieu sans savoir pourquoi. Vicente regrette aussi de ne pas avoir intégré le passé à sa vie pour être solidaire de sa famille détruite, par sa jeunesse insouciante, et de n’avoir considéré que le présent et l’avenir. Il perd petit à petit la raison, ne parle plus et s’enferme dans son ghetto intérieur. Il ne pouvait imaginer le degré d’atrocité de la vie de sa famille, mais il en savait assez pour ne plus pouvoir vivre comme avant, comme s’il ne savait pas.

Il n’est pas au bout de l’horreur car quand il apprendra que sa mère a été déportée à Treblinka et n’est pas revenue, la honte et l’humiliation de l’avoir abandonnée le poursuivront jusqu’à sa mort en 1969. Les nazis prétendaient que les Juifs qui mouraient partaient sur le chemin du ciel : Himmelstrasse. Il semble bien que ce Ghetto intérieur se soit transmis jusqu’au petit-fils de Vicente (Wicenty en polonais) qui a besoin de mettre des mots sur ce silence qui l’étouffe et sur la tragédie de millions d’êtres humains supprimés arbitrairement. «J’aime penser que Vicente et Rosita vivent en moi et qu’ils vivent en moi et qu’ils vivront toujours dans le souvenir de mes enfants qui ne les ont jamais connus».


Eliane Mazerm
( Mis en ligne le 12/02/2021 )
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