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L'amour sans le faire
Alice Ferney   L'Intimité
Actes Sud - Domaine français 2020 /  22 € - 144.1 ffr. / 368 pages
ISBN : 978-2-330-13930-8
FORMAT : 14,5 cm × 24,0 cm
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De carrière de critique littéraire, vieille aujourd'hui de plus de 20 ans, de vie de lecteur, plus longue encore, on n'avait senti lecture peser autant aux bras, aux yeux, à la tête. Et pourtant, on aime lire Alice Ferney, on avait dévoré ses Bourgeois et lu avec un plaisir vrai ses précédents romans, récits caressant toujours les questions posées par l'histoire, les impasses sociales, les grands sujets de l'actualité. Ce qu'elle fait ici encore, embrassant avec ambition l’imbroglio ontologique et médiatique mêlant GPA, #metoo, des féminismes déboussolés, la masculinité en crise, la sexualité et ses impasses. D'où ce titre, simple, L'Intimité, auquel manque peut-être un point d'interrogation.

Alexandre est un homme de son temps (partageur, doux, patient) mais c'est un homme, un conquérant. Il perd sa femme Ada en couche, dès lors papa d'une petite Sophie orpheline, petite sœur d'un petit Nicolas dont il n'est pas le père. Le deuil est dur, très dur, car Alexandre sait qu'il a dû convaincre Ada de porter son enfant. La voisine et amie, Sandra, libraire féministe à l'esprit pur et libre, le soutient. Et le temps passe.

Alexandre rencontre alors sur un site de rencontres Alba - l'homophonie des prénoms... comme leur symbolique, n'est pas une coïncidence - et se remet en couple. Avec elle aussi, il voudrait un enfant biologique, ou, tout du moins, qu'Alba adopte Sophie. Mais Alba est animée, passionnément animée, d'un tout autre projet : être la mère biologique d'un enfant qu'elle n'aura pas porté. Car Alba est asexuelle, elle refuse par principe la pénétration, forçant Alexandre à réinventer une sexualité. La GPA doit concilier le refus du sexe avec le désir d'un enfant. C'est Alma, femme américaine, qui devrait porter le bébé.

"Une fois de plus Sandra observait tout ce que la famille exige de nous, pour être construite, vivante, et maintenue malgré les épreuves et les ruptures : de grands sacrifices intimes, une souplesse des sentiments, la chasse aux rancunes, des conversations dont on se passerait volontiers, toute recomposition impliquant des rencontres - des confrontations - des renoncements et des partages".

Le roman s'enlise hélas dans les détails des procédures et les arguments que s'opposent Alexandre et Alba. Sandra disparaît dans ce tête à tête qui ne doit pas être un corps à corps, sinon par une conversation en fin de roman avec Alexandre, où les mêmes arguties sont répétées. Alice Ferney perd son lecteur dans cette logorrhée qui, trop souvent, résume ce que l'on peut trouver sur Internet - tout et son contraire, en somme -, sans que l'on sache vraiment si elle est de parti pris ou cherche dans tant de mots, exemples et contre-exemples, arguments et leurs contraires, un impossible équilibre. Une couleur "Manif pour tous" habille hélas et maladroitement le récit, malgré ces prudences et la dénonciation, justifiée, du libéralisme éhonté entourant le marché des ventres.

Le final, perturbant, très perturbant, renforce l'arrière goût nauséabond d'une lecture de toute façon désagréable. Le propos n'est pas clair sans être pour autant subtil, et les personnages, désincarnés et antipathiques, desservent une intrigue pourtant centrée sur les apories de la chair et de l'identité. Autre impasse empruntée par l'auteure : le personnage de Sandra est de loin le plus romanesque, le plus intéressant... et le plus mal exploité.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 16/11/2020 )
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