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Mikhailov, l'œil incisif
Gilda Williams   Boris Mikhailov
Phaidon 2001 /  7,47 € - 48.93 ffr. / 128 pages
ISBN : 0 7148 9167 3
FORMAT : 13,5 x 15,5 cm
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La collection 55 de Phaidon est née en 2001. De par son contenu et son
format, elle peut être considérée comme un pendant aux Photo Poche
publiés par le C.N.P., avec quelques différences toutefois : un texte plus
abondant et un nombre constant de photographies reproduites, 55. Le
volume consacré à Boris Mikhailov, photographe ukrainien, ne déroge
pas à la règle. 55 de ses œuvres sont reproduites, de ses premiers
travaux, exécutés à la fin des années 60 à sa dernière série entreprise
dans les années 90, Case History. Toutes sont accompagnées d'un court
texte analytique et explicatif, chargé notamment de replacer ces images
dans le contexte socio-politique de l'époque, préalable indispensable à la
compréhension des œuvres de Mikhailov, fortement ancrées dans
l'histoire de l'ex-URSS. Le photographe ne se veut pourtant pas un artiste
politique, ne souhaite pas produire du sens ni ne revendique aucune
implication ou engagement. Davantage qu'un témoin de son temps,
Mikhailov est avant tout un expérimentateur du médium photographique,
un maître de la mise en scène et du travestissement de l'image tout
autant que de la photographie documentaire. «J'ai besoin», dit-il, «que
l'ensemble des séquences et des séries me permette de jeter un doute
sur la validité d'une unique perception possible»
.

Si son œuvre ne se réduit pas à sa seule implication dans la vie
soviétique et post-soviétique, elle porte néanmoins le sceau, avec une
constance remarquable, de la contestation. Elle est marquée par les
interdits édictés par le régime, que Mikhailov, dont la production est
surveillée, fait sien afin de mieux les contourner. L'ouvrage commence
sur la Série rouge des années 60-70, dans laquelle il aborde divers
aspects du quotidien soviétique. Ces photographies pourraient passer
pour de simples constats factuels mais elles disent davantage. Elles
expriment toutes une même désillusion, une même désuétude, une
même inertie. Le seul interdit que Mikhailov ne cessera de braver
explicitement est la représentation du nu. Dès les années 60, il
photographie le corps féminin dénudé dans la sérieCalendrier dont
l'ouvrage reproduit deux images, leur choix témoigne du caractère
protéiforme de l'œuvre dès ses débuts. La distance est grande,
semble-t-il, entre cette baigneuse urinant dans les eaux d'une rivière et ce
nu languissant, au corps imprimé de motifs projetés par la lumière du
jour, tendant une pomme. Mais si le style diffère, le propos est commun :
la femme n'est plus une «travailleuse héroïque» comme le souligne
l'auteur, Gilda Williams, mais un être séxuée, au comportement
potentiellement licencieux. Vient ensuite la série Louriki datée des
années 70, dans laquelle des photographies anonymes du type album
de famille sont repeintes dans des teintes pastels. Là encore, ces
images ont un aspect surrané, elles renvoient à une imagerie populaire
et naïve, à un quotidien monotone dont la misère se cache derrière ces
retouches colorées. À la manière des conceptuels français et américains,
Mikhailov manie le photo-texte dans les années 80, mais l'utilisation qu'il
en fait, plus narrative, procède davantage de la mise en scène. L'ouvrage
s'achève sur la dernière entreprise du photographe, Case History,
consacrée aux marginaux, à la frange la plus pauvre de la société russe.
Ce sont certainement les images les plus dures et les plus violentes qu'il
ait produites, des clichés qui procèdent d'une démarche ambigue. Cette
brève mais complète rétrospective de l'œuvre du photographe nous
donne à voir, au-delà du cheminement de l'artiste, celui d'un régime, le
destin d'un pays.


Raphaëlle Stopin  Sélectionné par ArtAujourdhui.com
( Mis en ligne le 22/02/2002 )
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