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La terre dans tous les sens
Olivier Fanica   Gérard Boué   Céramiques impressionnistes & Grès Art nouveau - Montigny-sur-Loing et Marlotte 1872-1958
Massin 2005 /  36 € - 235.8 ffr. / 213 pages
ISBN : 2-7072-0512-5
FORMAT : 22 x 28 cm

L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur.
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La céramique est un art des sens. Les amateurs en regardent les couleurs et les décors, touchent pour palper l’épaisseur de la matière et le velouté des glaçures, écoutent son tintement bavard car il dit ce qui ne se voit pas, et goûtent, enfin, puisque l’on y sert les aliments. L’approche d’une céramique est un moment intense et, pour en éprouver toute l’étendue sensible et dépasser le simple contact de visu qu’offre le musée, beaucoup d’amateurs deviennent collectionneurs. C’est d’ailleurs le parcours d’Olivier Fanica et de Gérard Boué, qui à la manière d’archéologues ont mis au jour des pièces dont ils nous révèlent l’exception à l’appui d’une recherche historique minutieuse. Les connaisseurs ne seront pas étonnés de voir l’ouvrage édité chez Massin qui compte à son catalogue plusieurs dizaines de titres sur les céramiques de tous horizons, périodes ou techniques, détaillées par des spécialistes.

Cet ouvrage déjà paru de façon plus confidentielle en 1986 s’adapte à son éditeur puisqu’il se complète de nombreuses photos, de fascicules récapitulatifs et ne s’effraie pas d’une foule de détails techniques. Il comporte en outre un répertoire des fabriques et des décorateurs, et les illustrations des marques et signatures très utiles pour l’identification des oeuvres. Mais le livre est essentiellement constitué d’une étude historique et stylistique des différents ateliers de céramiques qui se sont succédés de 1872 à 1958 dans les villages de Montigny et de Marlotte, situés non loin de Barbizon, célèbre pour sa communauté artistique et son goût pour la nature. Les auteurs ne reviennent pas sur le terme impressionniste qui qualifie ces céramiques et que l’on pourrait aisément contester tant il fait l’amalgame entre les courants artistiques de l’époque, mais qui a le mérite d’évoquer leur singularité : la touche très picturale rapide et vaporeuse ainsi que la palette lumineuse, partagées par nos céramistes avec les peintres impressionnistes. La création d’un atelier par le fils d’Auguste Renoir, Jean Renoir qui fut céramiste avant d’être cinéaste, a certainement influé sur le choix de ce terme (bien que ses décors soient plus proches des recherches fauves...). Ce style impressionniste est directement lié à la technique de la barbotine. Mise au point au milieu du XIXe siècle par la Manufacture de Sèvres pour décorer la porcelaine, elle est adaptée à la faïence par Ernest Chaplet et connaît un grand succès dans le dernier quart du XIXe siècle. Il s’agit d’une peinture à l’engobe c’est-à-dire une pâte délayée et teintée aux oxydes nécessitant une grande rapidité d’exécution sans retouche pour des pièces uniques. Elle permet des décors très élaborés ce qui pousse les formes du support à s’épurer.

Dans la production céramique de son temps, Montigny-sur-Loing et Marlotte se distinguent par la qualité des décors : des paysages, des fleurs et des animaux. La proximité de grands artistes stimule la créativité dans un ton résolument moderne nettement influencé par l’Ecole de la Nature mais aussi par le japonisme. Les faïenceries de Schopin, Delvaux, Boué et Petit, Cachier (voir page de couverture), Baude, à Montigny-sur-Loing, Bézard ou Mousseux, à Marlotte connaissent un vaste succès commercial. Mais au tournant du siècle, les fleurs de barbotine se fanent, leur mode est passée. La seule performance du décor lasse le public qui s’oriente vers une plus grande densité des matières et un symbolisme des figures. Les ateliers se renouvellent alors à travers les grès Art nouveau. Les formes sculpturales sont à l’honneur comme les glaçures aux émaux, les effets jaspés, les coulures.

Faisant la part belle aux images, Fanica et Boué partagent le plaisir de regarder ces oeuvres en amateurs ; ils le sont parfois à tous les sens du terme : le propos manque de hauteur et de synthèse. Mais à travers ces nombreuses créations, on admire la terre dans tous les sens : sous les mains du potier, et dans les décors aux fleurs et aux paysages de la campagne barbizonnienne. Immuable !


Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 21/11/2005 )
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