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Beaux arts / Beaux livres  ->  Photographie  
 

Ode à la nature
Abbas Kiarostami   Photographies, Photographs, Fotografie…
Hazan 2005 /  19.82 € - 129.82 ffr. / 112 pages
ISBN : 2-85025-673-0
FORMAT : 15x22.5 cm

Livre trilingue français, anglais, italien
Préface de Michel Ciment

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Réédité cette année, ce recueil de photographies a été publié pour la première fois en 1999 à l’occasion de la sortie du film Le Vent nous emportera. On connaît Abbas Kiarostami, le réalisateur de Où est la maison de mon ami ? ou Le Goût de la cerise qui lui a valu la Palme d’or à Cannes en 1997. On connaît moins Kiarostami le photographe. Pourtant le cinéaste iranien fait partie de ces réalisateurs qui, comme Wim Wenders, photographient les lieux qui les inspirent lors des repérages de films. Le cinéma de Kiarostami montre d’ailleurs un goût prononcé pour le plan fixe s’étirant dans la durée, comme s’il cherchait à reproduire l’aspect figé de la photographie. D’autre part, le paysage constitue un protagoniste à part entière, le cinéaste aimant filmer l’immensité d’un lieu, rendant la figure humaine minuscule et démunie devant une nature forcément supérieure. On retrouve dans ses clichés cette même envie de rendre compte des beautés de la nature, de donner à voir des paysages rares et colorés, des lieux souvent vides de toute présence humaine.

Kiarostami a toujours été séduit par l’image, que ce soit à travers la peinture (sa première activité artistique), le cinéma ou la photo. C’est pendant les premières années de la Révolution iranienne, où il voit son talent de cinéaste bridé, qu’il décide de s’acheter un appareil photo. Très vite il ressent le besoin de se rapprocher de la nature : «J’avais le désir de ne faire qu’un avec elle» explique t-il à Michel Ciment dans l’entretien qui préface ce livre. Le point de départ de ses photos : Téhéran dans un rayon de 300 mètres. Humblement, sans aucun matériel sophistiqué, il parcourt les steppes au gré des saisons, privilégie l’automne et l’hiver. Et c’est à hauteur d’homme qu’il prend ses clichés, privilégiant des compositions simples et épurées. Ainsi ce motif récurent de l’arbre seul au milieu d’une immensité désertique : verticalité végétale, seule présence de la vie, perdue dans l’horizontalité austère et sauvage. Pour amplifier l’impression de grandeur de ces lieux, Kiarostami adopte les cadrages où des ciels immenses surplombent un paysage désert. Ses vues panoramiques accentuent encore cette idée d’infini.

Les paysages photographiés ne font l’objet d’aucune mise en scène mais procèdent d’une observation patiente et attentive de la nature. Aucune de ses photographies n’est légendée, comme pour leur donner un caractère intemporel. Sensible au changement des saisons, le photographe montre l’évolution des couleurs à travers les paysages enneigés, les feuilles rougies par la lumière, la terre brune à perte de vue… Kiarostami se représente la nature comme un peintre qui ne cesse d’inventer de nouvelles teintes et nous en offre une vision poétique. A la fin seulement de l’ouvrage, cette poésie s’ébrèche car apparaissent quelques photographies suggérant les traces de l’homme au sein de cette nature sauvage ; Kiarostami nous montre des routes qui coupent en deux le paysage, telles des cicatrices qui zèbrent cruellement l’endroit longtemps préservé.

Ce livre est donc avant tout un hommage magnifique à la nature à laquelle Kiarostami voue un amour inconditionnel : «Mes photos ne sont pas le résultat de mon amour pour la photographie, mais l’amour que je porte à la nature», nous dit-il.


Marina Hemonet
( Mis en ligne le 25/07/2005 )
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