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Une édition impeccable
 Collectif   La Naissance des genres - La peinture des anciens Pays-Bas (avant 1620)
Somogy 2005 /  35 € - 229.25 ffr. / 175 pages
ISBN : 2-85056-916-X
FORMAT : 22,5cm x 28,0cm

L'auteur du compte rendu : Outre des collaborations régulières avec des galeries ou dans la presse, Jérôme Poggi travaille dans le champ de l’art contemporain au sein d’une structure qu’il a créée, Objet de production. Il enseigne à l’Ecole centrale de Paris, à la London University et dans plusieurs universités américaines à Paris. Ingénieur-économiste de l’Ecole centrale de Paris, diplômé de l’EHESS et titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art (Paris I), il prépare un doctorat sur «le commerce de l’art moderne à Paris sous le Second Empire».
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L’intérêt du catalogue publié aux Editions Somogy par le Musée d’art et d’histoire de Genève ne réside pas là où on l’attend. Son titre, La Naissance des genres – la peinture des anciens Pays-Bas (avant 1620), laisse imaginer une grande synthèse généraliste sur l’émergence du paysage, de la nature morte ou de la scène de genres dans l’Europe septentrionale des XVI-XVIIe siècles. C’est effectivement le point de vue privilégié par cette publication qui l’aborde de façon très pédagogique dans les introductions aux différents chapitres du livre. Mais cette étude présente la particularité d’être menée à partir d’un corpus d’œuvres limité exactement à la collection conservée par le musée genevois. Cette restriction déplace de fait l’intérêt d’une telle étude d’un point de vue non plus historique mais méthodologique et muséographique. En fin de compte, ce livre n’est rien de moins qu’un catalogue raisonné d’une collection muséale. Mais il est en même temps bien plus et constitue un ouvrage passionnant.

Citons d’abord quelques œuvres remarquables parmi les quarante-trois qui constituent le fonds du Musée. Le beau portrait d’un homme en prière de Mabuse (ca 1520) est un bel exemple de la manière flamande au tournant du XVIe siècle tandis que celui de l’orfèvre Wenzel Jamnitzer de Nicolas de Neufchâtel est une œuvre magnifique qui illustre la complexification de ce genre, influencé par les portraits de Holbein le Jeune au début du XVIe siècle représentant un personnage et les attributs qui caractérisent son métier. Emblématiques également, les tableaux des Brueghel, le Jeune et de Velours, si caractéristiques de ces nouveaux genres qui s’affirment au XVIe siècle, qu’il s’agisse de paysages animés ou de complexes bouquets de fleurs. Enfin, particulièrement représentatif d’une période qui voit le tableau en tant qu’objet de collection se répandre dans la société, le Cabinet d’amateur de Frans II Francken (1620), qui résume à lui seul cette prolifération des genres dans la peinture du XVIe siècle, bouleversée par la crise iconoclaste de 1566 dont témoigne la scène représentée par Francken à l’extérieur de son cabinet sous les traits d’ânes iconoclastes détruisant livres et objets d’art dans la plus grande ignorance.

Au-delà de ces œuvres remarquables, la façon dont est présenté le fonds du musée met également en avant la valeur de chaque œuvre par rapport à une histoire du goût, que négligent encore trop souvent les musées français. Un article introductif sur la réception de la peinture des Pays-Bas à travers l’histoire et son lien avec la constitution de la collection du musée est complété pour chaque œuvre avec l’histoire de sa provenance, éclairant de façon très intéressante la constitution de la collection et sa valeur, sinon artistique, du moins culturelle.

Cette approche culturelle se complète, fait fort rare dans un catalogue de musée, par un chapitre très documenté consacré aux «faux» de la collection. En soulignant les liens entre falsification et marché de l’art, il apporte un éclairage passionnant du point de vue de l’histoire du goût sur un problème que les musées n’aiment pas évoquer. Cette question est d’autant plus passionnante qu’elle est étayée d’une argumentation scientifique rigoureuse qui révèle les indices trahissant la modernité d’œuvres que l’art du faussaire a su rendre très similaires à des originaux. Ce sont d’ailleurs chacune des œuvres du fonds de peinture qui a subi un examen scientifique poussé à l’occasion de la publication de ce livre : analyse du support de l’image dont le recto et le verso sont reproduits en photographie (la plupart des œuvres sont toujours sur leur support d’origine, généralement en bois assemblé), radiographie X de l’œuvre révélant les repentirs, retouches, etc ; analyse microscopique d’échantillons de peinture révélant la technique du peintre en même temps que la composition chimique des pigments, etc.

Ces informations, rarement publiées la plupart du temps, sont pourtant passionnantes pour un public d’amateurs, qui y découvrira, outre l’art de peindre au XVIe siècle, l’art d’être conservateur de musée au XXIe siècle. C’est aussi en cela que réside l’intérêt de ce catalogue raisonné que l’on aimerait voir imité par de plus nombreuses institutions.


Jerôme Poggi
( Mis en ligne le 06/02/2006 )
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