| Matthew Rye Les 1001 œuvres classiques qu’il faut avoir écoutées dans sa vie Flammarion 2008 / 32 € - 209.6 ffr. / 960 pages ISBN : 978-2-0812-1049-3 FORMAT : 16 x 21 cm
Préface dÈve Ruggieri. Imprimer
Les cent livres quil faut avoir lus, les cent films quil faut avoir vus, les cent vins quil faut avoir bus
Lérudition low cost se porte bien ! Aux néophytes qui entreprennent un beau matin leur marche dapproche vers les sommets de la «grande musique», lédition propose également dinoffensifs Baedeker, ce qui revient à entreprendre la Jungfrau en espadrilles. Disons-le tout net : on se méfie de ces guides qui, se gardant des sentiers non balisés, nen prétendent pas moins conduire Tartarin jusquaux cimes.
Seul préjugé favorable à celui que préface aujourdhui Ève Ruggieri : il pèse 2 kilos. Trop lourd pour le sac à dos ! Et pour cause : la moitié de ses 1000 pages (bien illustrées) nous recommandent des uvres du XXe siècle. Si ce nest pas de la perversion ! Il est vrai que Matthew Rye, maître duvre de cette géniale perfidie, est anglais. Ceci explique cela, notamment le non-respect du quota de compositeurs britanniques dont le nom commence par B (Blow, Boyce, Bax, Bridge, Bliss, Britten, Bainbridge, Birtwistle !) ou labsence désolante des Français Perrotin, Campra ou Jolivet. Mais comme dirait notre préfacière : «Choisir, cest se priver, nest-ce pas ?» Évidemment, si cest se priver que de choisir le menu gastronomique
Car soyons juste : Charles-Valentin Alkan, Charles Tournemire, Lili Boulanger ou Gérard Grisey, conviés au festin, ont trop rarement les honneurs de la vulgarisation. Sans parler des Berwald, Schulhoff, Alfvén, Hovhaness, Harris, Rautavaara, dont on ne peut trop féliciter ce gros pavé de les déclarer aussi essentiels au bonheur universel que le Stabat Mater de Pergolèse ou les Impromptus de Schubert.
Autre excellente surprise : les orientations discographiques, à la fois variées, originales et, pour la plupart, peu contestables. Le classique aurait-il trouvé son Lonely Planet ? Des petites bêtes, les épouilleurs en trouveront : la «Kovanchtina» (sic) serait-elle «simply the best» ? Pourquoi avoir traduit LIdylle de Siegfried (Wagner, Siegfried-Idyll), Le Son lointain (Shreker, Der Ferne Klang) ou La Rivière aux courlis (Britten, Curlew River) ? Quimporte, car ce guide vraiment unique fait plus que montrer la voie aux amateurs : il aiguisera les curiosités les plus affûtées. La preuve est ainsi faite que tous les bréviaires «amoureux» ou «indispensables» ne sont pas inutiles.
Olivier Philipponnat ( Mis en ligne le 29/06/2009 ) Imprimer | | |