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Ingres l’énigmatique
Vincent Pomarède   Stéphane Guégan   Louis-Antoine Prat   Eric Bertin    Collectif   Ingres - 1780-1867
Gallimard 2006 /  39.90 € - 261.35 ffr. / 406 pages
ISBN : 2-07-011843-6
FORMAT : 23,5cm x 28,5cm

Catalogue d’une exposition au Musée du Louvre du 24 février au 15 mai 2006.

L'auteur du compte rendu : Béatrice Brengues a une formation d'historienne de l'art, elle s'intéresse aux arts décoratifs du XXe siècle et poursuit des recherches sur le sculpteur Joachim Costa. Elle travaille parallèlement à Drouot chez un commissaire priseur.

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Nous avons été nombreux à visiter la rétrospective Ingres présentée au Louvre cet hiver. Trop nombreux peut-être ? C’est bien souvent le lot des grandes expositions parisiennes, et celle-ci, la première exposition significative du peintre depuis 40 ans, était légitimement attendue. Si anecdotiques que devraient le rester les conditions de visites, elles laissent au final la sinistre impression de n’être qu’un client de plus ; il en est finit de l’amateur que secrètement l’on rêve d’être dans toute sa dimension élitaire. Légèrement écœuré par la sauce marketing, on regarde sourcilleux ce catalogue qui se révèle, bien mieux qu’un produit dérivé, une somme érudite. Bien vendu donc, mais pas bradé, Ingres ! Comprenons par-là qu’on n’a pas sacrifié le mythe pour le rendre grand public. Dès l’introduction, l’épigraphe par Lorenzo Bartolini annonce le ton : «Quant à son talent, il est sublime ; mais il n’est pas pour les sots…».

Fidèle au plan de l’exposition, le catalogue propose un tour d’horizon des recherches récentes mais sans nouveauté comme on pouvait l’attendre d’un tel événement. Pas de prise de risque, ni de polémique, mais une volonté de faire un point et de clarifier le regard sur un artiste intensément étudié, dont tous s’accordent à dire qu’il est complexe. Selon une trame chronologique et historique, les différents thèmes se déclinent comme les nus, les portraits, les scènes bibliques, mythologiques… La grande question autour de Ingres a longtemps été : classique ou moderne ? Cela reste un point récurrent mais l’étude entend être plus subtile. Toutefois cette dualité est bien servie par un commissariat d’exposition lui-même bicéphale avec les conservateurs du Louvre et d’Orsay.

Ingres est donc un rouage essentiel de l’histoire de l’art et fait la transition entre deux périodes de la peinture. On avance dans la carrière de l’artiste qui révèle de nouveaux talents à chaque aller-retour entre la France et l’Italie, bravant les volte-face politiques du XIXe siècle et les soubresauts de la critique dans une manière très personnelle. Chez cet élève de David, admirateur passionné de Raphael, pensionnaire de la Villa Médicis de 1806 à 1810, la peinture est résolument académique et notablement hostile au renouveau artistique tel que le Romantisme. Son goût bourgeois du «bien peint» ne l’empêche pourtant pas d’initier la voie de l’abstraction notamment dans le modelé nuageux des corps et la subversion des attitudes voire des sujets. Une autre dichotomie (débat) est abordée ici : le coloriste contre le dessinateur. Un regard nouveau réhabilite la somptueuse maîtrise des couleurs du peintre, qui est traditionnellement sous-évaluée par rapport au dessin, base de son art et de son enseignement.

Comme un funambule tire de la tension son équilibre, Ingres joue de l’ambiguïté : on ne sait jamais trop de quel côté il veut nous amener. On ne sait pas non plus si Louis-Francois Bertin, dans son célèbre portrait conservé au Louvre, est pesamment assis ou prêt à se lever, ou bien si La Grande Odalisque si lascive n’est qu’un mirage ou un être de chair... Le mystère, les doubles lectures, l’introspection du peintre à travers son œuvre… en pleine Da-Vincimania, voilà qui explique peut-être le succès d’une peinture souvent savante qui n’est, a priori, pas facile d’accès. Le choix des nus pour annoncer l’artiste n’y est pas non plus étranger. Baigneuses et odalisques sont des images vaporeuses et magnétiques. Leurs corps sensuels sans os ni muscle ne semble être fait que pour un regard amoureux, et captivent forcément.

Les commissaires d’exposition terminent d’ailleurs leur introduction par une invitation à se délester des savoirs et des débats pour, avant tout, y prendre plaisir… et cela réussit !


Béatrice Brengues
( Mis en ligne le 02/06/2006 )
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