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Art de vivre -> Voyage & loisirs |
| Max Rouquette Georges Souche Larzac Cardabelle 1999 / 41.16 € - 269.6 ffr. / 144 pages ISBN : 2-914126-00-X FORMAT : 28,0cm x 24,0cm Imprimer
Le photographe Georges Souche et le poète occitan Max Rouquette se sont associés pour nous faire découvrir une région à la fois trop connue et largement méconnue, le Larzac, et nous faire partager leur passion pour cette contrée âpre et photogénique à la fois. Terre de toutes les solitudes, mais aussi de toutes les rencontres. Rencontre dune parole et dun regard, lémotion commence dès la première page : «il était une fois
le Larzac» ; les légions de César, les commanderies des Templiers, les paysans et les bergers depuis deux mille ans
Lhistoire est convoquée par le poète, à grands traits, pour dire ici lintemporalité des paysages.
Les photos sont superbes : paysages aquarellés des champs et collines dans la brume (p.17), ciels théâtraux du Causse du Larzac, abstraction dun champ de colza (p.121), nature romantique des cours deau et des pommiers en fleurs (pp.122-123). Tout nous dit la variété inattendue dun monde que nous rêvons plus volontiers minéral et presque en noir et blanc.
«Au-delà des déserts où la solitude frissonne dêtre si solitaire» (p.55). Déserts mais aussi hameaux : Brouzes, cur du Larzac pour les auteurs, Montredon, La Couvertoirade, La Blaquière où, au début des années 70, sorganisa une résistance farouche contre les projets dextension du camp militaire. Les hommes aussi passent, presque invités : le berger menant son troupeau, soignant une patte blessée (pp.72-73), des cultivateurs (pp.77-78). Leur empreinte pourtant est omniprésente : maisons de pierres, ruines attestant dune population nombreuse naguère (p.47 - larbre au feuillage mordoré qui domine un paysage détruit de terrasses et de murets), croix et calvaires aux carrefours de cette «terre de foi» (pp.111-119). Une terre qui demblée invite à lascèse, au dépassement.
Le livre se clôt sur lénigmatique plomb du Larzac, inscription en caractères latins et en langue gauloise gravée sur la couverture en plomb dune urne funéraire : deux femmes, magiciennes, demandent à la divinité souterraine de retourner contre une troisième ses malédictions
Magiciennes, disent les auteurs, en dautres temps on aurait écrit sorcières ! Terre dombres et de maléfices aussi
Sentiment en tout cas très fort, et qui a traversé les siècles, de la présence du surnaturel.
Et, cloué sur la porte, le soleil gris et jaune de la cardabelle, qui annonce, à ceux qui savent la lire, les variations du temps. Feuilletez louvrage, perdez vous sur le Causse aride, ou dans les vallées qui, par comparaison, apparaissent presque luxuriantes, rêvez devant les chaos damas rocheux, ou les arbres fiers et isolés ; et que ce livre soit une invitation au voyage intérieur mais aussi à la découverte de cette région française si lointaine, presque exotique dans sa farouche solitude.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 21/12/2005 ) Imprimer
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