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Poches -> Littérature |
| Pierre Assouline Le Portrait Gallimard - Folio 2009 / 6.50 € - 42.58 ffr. / 326 pages ISBN : 978-2-07-037995-8 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm Imprimer
Dans Le Portrait, Pierre Assouline se donne un double défi : parler à la place dun portrait, qui plus est dun portrait féminin. Ce fin connaisseur du monde des arts du XIXe siècle endosse le rôle du superbe portrait quIngres réalisa, entre 1844 et 1848, de la baronne Betty de Rothschild ; portrait qui, depuis, est resté propriété de la famille, et ne se montre que rarement au grand public. Portrait qui fut lobjet du pillage nazi pendant la guerre.
On suit toute lhistoire de la famille Rothschild à travers les commentaires de la fondatrice de la branche française, l'épouse du baron James. Une histoire qui se confond avec celle de la France, peu dhistoire financière, mais une «histoire de famille», des liens entretenus avec le judaïsme, avec les régimes du XIXe siècle, ceux dont la baronne a été contemporaine : la Monarchie de Juillet, la Seconde République, le Second Empire et la IIIe République. La construction dune place dans la société pour une famille juive venue dAllemagne au début du XIXe siècle, le poids de la richesse et son usage ; la passion de collectionneurs dart qui anima toujours les Rothschild, mais aussi leur générosité.
Pierre Assouline ne cherche pas à écrire un livre dhistoire, mais construit un récit personnel, intime, un de ces récits que lon peut se transmettre dans une famille, en laissant bien sages les «secrets», mais en se remémorant les heures fastes, heureuses ou dramatiques. Une histoire légère comme une bulle de champagne qui donne un vrai plaisir à la lecture, laisse peu de souvenirs ensuite - mais quimporte ! - et se termine sur une variation éblouissante sur lhistoire de lart vue à travers Daniel Arasse et Henri Cartier Bresson.
Entre temps on aura croisé Ingres, Balzac, le général Changarnier, le grand cuisinier Antoine Carême, et tant dautres qui ont fait les belles heures du Paris mondain ou politique, sans oublier les silhouettes sinistres des heures noires (Goering). Pierre Assouline retrouve pour ce monologue de la narratrice/tableau, la plume et le style des mémorialistes du XIXe siècle, émaille son texte de formules et de références prises dans les recueils de souvenirs, les anecdotes des contemporains qui faisaient volontiers assaut desprit.
Un très agréable moment de lecture. Le livre avait plu à sa sortie il y a deux ans, le retrouver en «poche» lui assurera sans aucun doute un public renouvelé.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 10/06/2009 ) Imprimer | | |
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