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Poches -> Littérature |
| David Boratav Murmures à Beyoglu Gallimard - Folio 2011 / 6.80 € - 44.54 ffr. / 390 pages ISBN : 978-2-07-044032-0 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en août 2006 (Gallimard - Blanche) Imprimer
Cest presque résigné que le narrateur se rend chez un psychothérapeute londonien pour tenter de guérir le mal qui le ronge, ce «crabe» comme il lappelle, cette insomnie qui détruit progressivement sa vie et dont il ignore les causes. Sans quil en ait conscience, le chemin de la guérison emprunte celui du retour aux origines.
Amené par la mort de son père, écrivain turc ayant émigré à Paris, à reprendre contact avec la terre où il est né, il va peu à peu se tourner vers la Turquie quil avait pourtant reniée. Alternent alors des scènes vécues dans lenfance, dans lesquelles on découvre le narrateur et sa famille haute en couleurs dans le quartier populaire de Beyoglu à Istanbul, mais aussi le récit presque quotidien de ladulte souffrant qui décide de revenir au pays de ses ancêtres.
Les éléments de sa vie sassemblent progressivement et lon comprend que cest enfant quil a été arraché dIstanbul et est parti en France rejoindre son père, accompagné de sa mère, jusqualors souvent absente. Pour intégrer une nouvelle langue et une nouvelle culture, le petit stambouliote va désapprendre et renier sa patrie dorigine. Il semble que lorigine de son mal se situe justement dans cette rupture : ladolescent tentant deffacer à jamais son enfance. Peu à peu, sur les conseils de son thérapeute, le narrateur renoue avec son passé et finit par revenir en Turquie, quil va malgré lui se réapproprier.
Avec une écriture ciselée, David Boratav, dont cest ici le premier roman, décrit une sorte de parcours initiatique atypique où celui qui pendant si longtemps a rejeté loin de lui sa culture originelle, va devoir sy replonger pour guérir du mal dont il souffre. Cest aussi, en creux, une réflexion sur le poids que peut représenter le père et la patrie spirituelle. En effet, le père du narrateur tente de retranscrire jour après jour, à travers les poèmes et les récits quil écrit, la mémoire traditionnelle de la Turquie, lesprit turc. Et le fils va laisser sur le chemin, volontairement, tout ce qui peut représenter la culture familiale, au point, devenu adulte, de quitter la France où il sest débarrassé de sa mue turque, pour gagner le Royaume-Uni afin de se fondre dans la vie.
Cest presque recueilli et inquiet quon suit ce qui sapparente à un chemin de rédemption, sans en deviner par avance le tracé, mais guidé par la sensibilité de lauteur et lintimité bouleversée du narrateur.
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 25/03/2011 ) Imprimer | | |
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