|
Poches -> Littérature |
| Penelope Fitzgerald Début de printemps Gallimard - Folio 2009 / 6 € - 39.3 ffr. / 255 pages ISBN : 978-2-07-039804-1 FORMAT : 11cm x 18cm
Traduction de Cyrielle Ayakatsikas. Imprimer
Romancière britannique, Penelope Fitzgerald, nest pas un des auteurs les plus connus en France. Dommage ! Car elle possède au plus haut point cet art du récit propre aux romancières anglaises, qui transforme la banalité du quotidien en épopée, et lindividu moyen en héros
Début de printemps se passe à Moscou en 1913. Le héros, dont les états dâmes sont disséqués avec une froide ironie par Penelope Fitzgerald, est Frank Reid, imprimeur anglais de nationalité, mais né en Russie. Son épouse Nellie vient de le quitter sans préavis, emmenant avec elle leurs trois enfants, Dolly, Ben et Anouchka, quelle se décidera finalement à déposer dans une gare, plus loin. Elle même part vers une destination non avouée qui sera finalement lAngleterre. Comment Frank Reid, après avoir récupéré ses enfants, sinstalle-t-il dans une nouvelle vie ? Tel est le sujet du roman.
Lun des héros du récit est Moscou, ville indolente, dune superbe inertie, capitale déglinguée de la corruption et du fatalisme, traversée de personnages insensés directement issus de la grande tradition littéraire russe. Aux côtés de Frank : Selwyn Crane, qui se veut absolument disciple de Tolstoï quil a croisé naguère, Selwyn, à lempressement obsédant et encombrant, dont les mobiles sont énigmatiques avant dêtre brutalement mis en lumière sur la toute fin du livre. Dans sa solitude peuplée, Frank rencontre Madame Graham, épouse efficace du pasteur, Miss Kinsman, improbable institutrice licenciée par la famille aristocratique qui lemployait et qui finalement regagnera lAngleterre, quelle aurait peut-être dû ne jamais quitter. Son beau-frère Charlie vient passer huit jours à ses côtés
Le personnage de comédie Kouriatine, marchand de son état. De tous, la plus intrigante est Lisa, que lui présente linfatigable Selwyn. Qui est vraiment cette blonde jeune fille silencieuse venue de la campagne et qui va quelques semaines soccuper des trois enfants ? On comprend les sentiments quelle inspire à Frank mais, elle quen pense-t-elle ?...
Penelope Fitzgerald a manifestement pris beaucoup de plaisir à dresser cette galerie de portraits incisifs, les femmes étant beaucoup mieux traitées que les hommes. Une lecture un peu décalée, parfaitement «romanesque», avec une grande économie de moyens.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 04/12/2009 ) Imprimer | | |
|
|
|
|