|
Poches -> Littérature |
| Noëlle Châtelet Au pays des vermeilles Seuil - Points 2010 / 6 € - 39.3 ffr. / 171 pages ISBN : 978-2-7578-2016-2 FORMAT : 11cm x 18cm
Première publication en octobre 2009 (Seuil) Imprimer
Dans ses essais, dans ses romans aussi, Noëlle Châtelet sintéresse depuis longtemps aux métamorphoses de lindividu, aux rapports que lâge entretient avec les évolutions du corps. Cest une nouvelle figure de la femme quelle aborde dans Au pays des vermeilles, celle de la grand-mère. Non pas une grand-mère qui se découvre femme vieillissante, effrayée dune métamorphose dont elle nest que partiellement responsable, mais celle qui voit apparaître «lenfant de lenfant» et qui replace cette arrivée dans le processus de la filiation.
Noëlle Châtelet est devenue grand-mère et elle décide de transcrire au fur et à mesure des événements son ébahissement devant lenfant qui séveille et grandit, mais aussi la progressive construction, dans la joie, dune nouvelle identité. Dans des chapitres courts et comme songeurs, on la voit chercher à trouver sa propre place, et à tenter de replacer la nouvelle venue au sein dune famille. Ce livre est aussi loccasion pour elle de présenter à ses parents décédés, sa mère notamment, cette nouvelle petite fille qui parvient à la replonger dans le monde de la petite enfance, telle Alice projetée au pays des merveilles. Elle tente aussi de redécouvrir les mille petits signes qui linscrivent dans une longue chaîne familiale. Elle sinterroge, et nous avec elle, sur la nature de ce lien indéfinissable : ce nest pas la maternité, mais subsiste malgré tout un lien charnel ; elle retrouve son fils enfant, et tente de se retrouver elle-même, comme ramenée plusieurs décennies en arrière vers sa propre enfance, le temps davant les mots. On la voit aussi sinscrire dans une foule de rituels privilégiés : les cris du nourrisson qui nont plus la même résonance, le premier tour de manège, la première terrasse de restaurant, les réveils matinaux oubliés et toujours difficiles et le moment ineffable dun coucher de soleil partagé.
On aurait pu craindre quune certaine mièvrerie ne vienne colorer dun peu trop de rose ce récit dune nouvelle intimité. Mais cette découverte que lauteur nous fait partager pas à pas vit dune émotion sérieuse, tout comme sont sérieux ces premiers gestes et mots de lenfance.
Nul doute, dans ce récit, Noëlle Châtelet cherche à décrire ce que la «grand-maternité» peut signifier : une place à part dans la filiation, la redécouverte du miracle de la petite enfance, la possibilité dune joie partagée dès les premières lueurs du jour.
Amélie Bruneau ( Mis en ligne le 10/11/2010 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:La tête en bas de Noëlle Châtelet La Dernière Leçon de Noëlle Châtelet | | |
|
|
|
|