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Big trip
Thomas Pynchon   Vice caché
Seuil - Points 2011 /  8 € - 52.4 ffr. / 472 pages
ISBN : 978-2-7578-2463-4
FORMAT : 11cm x 18 cm

Première publication française en septembre 2010 (Seuil)

Traduction de Nicolas Richard

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Larry «Doc» Sportello est un détective californien, le genre hippie, décontracté – tongs et short de plage – et enfumé, car le privé ne crache pas sur un petit joint. Détective singulier donc, mais détective tout de même, et lorsque Shasta, l’une de ses ex petites amies, devenue la maîtresse de Mickey Wolfmann, un magnat local de l’immobilier, vient le trouver pour solliciter son aide, le Doc répond présent. Mais l’affaire est plus brumeuse qu’un concert hippie : enquêtant sur le dit magnat, tout juste disparu, Doc se retrouve coincé dans une mise en scène macabre, se réveille avec un cadavre et, manque de pot, son ennemi intime, le lieutenant de police Bigfoot.

C’est le début des soucis, de tout un tas de problèmes et de gens étranges. On croise, au hasard de la lecture, une galerie de personnages bizarres, de freaks, des policiers qui font des piges à Hollywood, des militants de la suprématie blanche, des agents du FBI en manque de terroristes, des saxophonistes morts (ou pas) et fantomatiques (ou pas), des call girls chefs d’entreprise, des veuves plus ou moins éplorées, des camés… Et surtout, on se retrouve dans une Californie quasi libertaire, qui carbure au cannabis, un monde divisé entre chevelus et G.Men, un monde où les repères ne sont pas si fixes que ça, une Californie improbable et psychédélique dans l’Amérique de Nixon, de la déségrégation, du bourbier vietnamien et des délires satanistes de Charles Manson.

Ça y est, c'est fait ! On a lu un ouvrage de cet auteur à la fois mythique et mystérieux – mythique parce que mystérieux – nommé Thomas Pynchon, auteur culte et si secret qu’il n’existe aucun photographie de lui depuis des décennies (il a dans les 70 ans)… Roman sous acide ? Avec Doc Sportello, le lecteur, même attentif, finit par se demander si, bizarrement, il n’a pas lui aussi fumé par procuration : le récit, porté par un style riche, ébouriffant de virtuosité, hommage au polar déjanté et à la littérature gonzo, va dans toutes les directions, suit les pistes les plus improbables, sème son lecteur pour le retrouver quelques pages plus loin, heureux mais un peu hagard. On voudrait pouvoir faire un résumé carré, structuré de cette odyssée, mais d’instinct, on penche plus pour un trip bizarre et séduisant, autour d’une intrigue kaléidoscopique. Car au fur et à mesure des pages, tout se complique. Sportello erre de flash en flash, sans véritable stratégie (ni parfois sans beaucoup de lucidité), croisant, presque au hasard, les protagonistes de son enquête, se heurtant aux fédéraux en quête de terroristes, passant d’une conversation très «polar» à une vision hallucinatoire, d’une sortie en club à un débat scientifique. On plane, on redescend, on replane…

Alors un polar ? Sans doute, mais du genre pastiché, ou plutôt inclassable : l’enquête, en soi, compte peu, l’intrigue se dilue dans un récit plus large, le tableau impressionniste d’un monde et d’une époque. Il s’agit plutôt d’un roman sur les différents états de conscience, sur les fluctuations de cette conscience et sur la réalité perçue de diverses manières, avec Doc Sportello en Cicerone «cool». Un roman sur les hippies aussi, et sur une manière d’appréhender le monde qui – drogues comprises – ne se limitait sans doute pas au «peace and love» mais supposait aussi une vision. On voudrait pouvoir dire, à la lecture, «Sportello, c’est Pynchon», un vieux hippie égaré dans notre nouveau millénaire, mais l’auteur demeure finalement toujours insaisissable et Sportello n’est le reflet que d’une culture, et d’une société sans doute disparues. On appréciera donc ce roman, assez court par rapport aux autres productions de l’auteur, comme un voyage, auquel le lecteur doit savoir s’abandonner.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 31/10/2011 )
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