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Poches -> Littérature |
| Naomi Alderman Mauvais Genre Seuil - Points 2011 / 7.70 € - 50.44 ffr. / 409 pages ISBN : 978-2-7578-2796-3 FORMAT : 11cm x 18cm
Traduction de Hélène Papot
Première publication française en avril 2011 (L'Olivier) Imprimer
Second roman de la toute jeune romancière Naomi Alderman (née en 1974), après La Désobéissance (Éditions de lOlivier, 2008), Mauvais genre est tout aussi réussi. Cette fois-ci, cest dans la prestigieuse Oxford que nous entraîne Naomi Alderman. Le narrateur, James Stieff, qui est le héros principal, appartient à une famille de la classe moyenne anglaise et, après sa sur Anne, ambitieuse et froide, à qui le doute est inconnu, il sapprête à suivre des études de physique. Demblée, tout le décourage : lambiance, le décor et, plus que tout, les étudiants et les professeurs censés lencadrer (le célèbre tutorat anglais) ! Il rêve de loin à linaccessible Emmanuella, superbe étudiante espagnole, à qui rien ne manque, ni la beauté ni laisance ni largent, petite amie dun des étudiants suédois de son groupe de travail. Il accumule déceptions et frustrations jusquau jour où il fait une mauvaise chute au cours dun jogging solitaire. Chute qui semble en annoncer dautres mais, à sa surprise, James est relevé - dans tous les sens du terme - par la douce et paisible Jess, étudiante brillante en musicologie. Grâce à elle, il entre dans le cercle du richissime Mark Winters, qui, capable dêtre brillant, et pervers, est surveillé de loin par sa famille.
Mark décide dhéberger tout son groupe damis : James, Jess, Franny lintellectuelle juive, Simon le fils de famille anglais, Emmanuella, dans limmense maison quil occupe. Sécoulent, entre fêtes bien trop - arrosées, aventures masculines de Mark, visites remarquées de sa mère Isabella, examens réussis de justesse, quelques année estudiantines heureuses.
Heureuses du moins en apparence car Naomi Alderman aime à dynamiter en douceur ces apparences brillantes : le délabrement de la maison répond au délabrement des esprits, les professeurs sont médiocres et peu respectables à plus dun titre, les relations ne peuvent être que faussées dans cette ambiance délétère. Oxford : lieu prestigieux de formation des élites... mais quelles élites ? Pour quelle vie ? Tout nest quapparences masquant des réalités sordides ou mesquines. Nul nen sort grandi ! Et avec ces atouts faussés, il faut affronter la vie, la vraie vie avec son cortège de petites et de grandes déceptions, de difficultés, de joies éphémères.
Le roman est construit en trois parties dissymétriques, précédées dun prologue : ''I - les mensonges'', ''II - Les apparences'', ''III - les leçons'', une troisième partie brève, en forme dépilogue, qui renoue avec le prologue.
Un roman dapprentissage sur les élites sociales qui se construisent résolument dans la futilité et linstant présent, à quelques exceptions : Nicola, Jess, Franny ou lexaspérante Anne... Chaque personnage est intéressant, et bien campé ; Naomi Alderman maîtrise parfaitement son intrigue dans ce décor qui évoque à la fois le court roman de Forster, Maurice, et le film qui avait fait fureur dans les années 90, 4 mariages et un enterrement (Mike Newell, 1994). Un Maurice qui ne sarrêterait pas au mariage du jeune aristocrate, mais laisserait la vie rebondir et loccasion se représenter au narrateur. On pense aussi à laméricain Maître des illusions de Donna Tartt (1992).
Un bon roman dune jeune romancière qui demblée sinscrit avec aisance dans la grande tradition romanesque anglaise.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 26/04/2012 ) Imprimer | | |
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