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Les tiroirs de la mémoire…
Nicole Krauss   La Grande maison
Seuil - Points 2012 /  7,90 € - 51.75 ffr. / 405 pages
ISBN : 978-2-7578-2823-6
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication française en mai 2011 (L'Olivier)

Paule Guivarch (Traducteur)

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Il serait facile de commencer cette critique en disant que La Grande maison est un roman à tiroirs... puisque, au milieu des multiples héros qui s'y partagent la vedette, c'est la silhouette, l'ombre, le souvenir d'un bureau qui apparaît au détour de chaque chapitre de ce livre. Un bureau «magique», «mythique», censé avoir appartenu à Garcia Lorca, et qui va cheminer d'un héros à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une génération à une autre, tout au long de la lecture.

Parlons maintenant des personnages : une romancière new-yorkaise en mal d'écriture, quittée par son mari, qui a «hérité» du fameux bureau, cadeau d'un ancien amant, un poète chilien qui finira dramatiquement sous la junte de Pinochet. Un couple anglais dont la femme, atteinte de la maladie d'Alzheimer, va, dans un dernier accès de lucidité, révéler le secret de sa vie à son mari avant de mourir. Un Israélien, qui, ayant perdu sa femme, retrouve un de ses fils dans ces circonstances dramatiques, ce fils à qui il n'a jamais su dire son amour, et qui s'est peu à peu replié sur lui-même et éloigné de son père. Un antiquaire hongrois qui a consacré sa vie à rechercher les meubles de luxe confisqués aux juifs européens par les nazis durant la guerre, et ses deux enfants qui entretiennent une relation quasi-incestueuse du fait de l'absence permanente de leur père.

Tous ces «tiroirs», remplis des vies de ces multiples personnages, se rejoignent, se croisent, s'éloignent et s'entremêlent de nouveau pour tisser un roman fait de liens plus ou moins distendus entre tous ces gens. Ce livre est un labyrinthe où il fait bon se perdre, pour mieux se retrouver au détour des rencontres inattendues avec les thèmes principaux abordés par la romancière : la complexité des liens père-fils, l'écriture, la solitude, la mémoire et surtout la souffrance du peuple juif, transmise de génération en génération : cette «grande maison» serait celle, imaginaire, où se rassemblent la mémoire et la souffrance du peuple juif.

L'écriture est d'une extraordinaire sensibilité, avec des portraits inoubliables, des scènes d'une grande émotion ; c'est une lecture difficile, exigeante, et qui nous amène vers des rivages où il faut prendre son temps pour y aborder : si l'on se laisse emporter, quel merveilleux voyage vers l'inconnu on aura fait ! «Mon père était historien. Il écrivait, assis à un énorme bureau muni de nombreux tiroirs, et quand j'étais très jeune, je croyais que deux mille ans étaient entreposés dans ces tiroirs... Un seul de ces tiroirs avait une serrure et, pour mes quatre ans, mon père me remit la petite clé de laiton. Je n'en dormis pas de la nuit, essayant de penser à ce que je pourrais mettre dans le tiroir. La responsabilité était écrasante... Pour finir, je fermai à clé le tiroir vide et n'en soufflai jamais mot à mon père».

«Ma femme mourut et je quittai Israël. Un homme peut être en beaucoup plus d'endroits que deux. J'emmenai mes enfants de ville en ville. Ils apprirent à fermer les yeux en voiture et en train, à s'endormir dans un lieu et à se réveiller dans un autre. Je leur appris que, quelle que soit la vue de la fenêtre, le style d'architecture, la couleur du ciel, le soir, la distance entre soi-même et soi-même est immuable...».

Nicole Krauss a grandi à Long Island. Elle est diplômée à Stanford, à Oxford et enfin à l'Institut Courtauld de Londres où elle étudie la poésie. Sa poésie apparaît dans des revues en France et en Amérique. Elle publie en 2002 son premier roman, Man Walks into a Room, puis en 2005, The History of Love, publié en 2006 en France sous le nom de L'Histoire de l'amour, récompensé par le prix du Meilleur livre étranger en 2006.


Michel Pierre
( Mis en ligne le 20/06/2012 )
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