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| Poches -> Littérature |
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''Un jour je n’ai plus pu'' | | | Sophie Fontanel L'Envie
J'ai lu 2013 / 5.60 € - 36.68 ffr. / 156 pages
ISBN : 978-2-290-05470-3
FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en août 2011 (Robert Laffont)
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Ce roman de Sophie Fontanel a fait beaucoup parler lors de la rentrée littéraire 2011 (aujourd'hui en ''poche'' chez J'ai Lu). On ladore ou on le déteste. Le sujet pourrait paraître croustillant : une femme nous avoue que pendant plusieurs années elle sest résolue à labstinence sexuelle. Et comme chacun sait que le livre est largement autobiographique
Sophie Fontanel nest pas connue que pour ses romans : chroniqueuse au magazine Elle (sous la signature de Fonelle), spécialiste fantasque et élégante des défilés de mode, brillante et fofolle dans son blog, il lui fallait du courage, de linconscience
ou du talent pour oser.
Heureusement elle a bien du talent. Un sens de la formule percutante (''Je ne pouvais plus supporter quon me prenne et quon me secoue
''). Sa décision ne part daucun ralliement à une morale dun autre âge : elle ne joue pas Desperate Housewives chez les intégristes. Tout part dun simple ras le bol, le désir sexuel qui séteint (''Un jour je nai plus pu''). Une série de chapitres courts nous fait suivre son cheminement avec un mélange détonant de hardiesse et de pudeur. Lécriture est fine, lensemble très élégant, parfois déconcertant, même exaspérant : le lecteur ne doit pas être allergique au «moi je
».
Le personnage nous tricote une élégante autojustification. On peut choisir de vivre sans faire lamour mais une rencontre fait-elle forcément entrer une femme dans «le système des hommes» ? Certains trouveront que cette belle écriture sent bon la grande bourgeoisie dont Sophie Fontanel est issue mais toutes ces réactions épidermiques cacheraient lessentiel.
Lexpérience du personnage va bien au-delà de son nombril. Son attitude étonne ses proches, les inquiète, les choque. Pourtant cette solitude choisie ne veut pas dire sécheresse ascétique : sa vie et ses phrases sont pleines de beautés, de sensualités délicieuses, de fantasmes amicaux (''Seuls les rêves ont comblé mes attentes
''). Alors que cette abstinence est vécue comme un soulagement, une libération (''Mon visage se défroissa en quelques semaines''), son attitude politiquement incorrecte dévoile un grand tabou, et un grand conformisme de notre société si libérée : chacun DOIT avoir et afficher une vie sentimentale et sexuelle satisfaisante (''Jai vécu dans peut-être la pire insubordination de notre époque, qui est labsence de vie sexuelle''). Son bien-être ne suffira pas à la libérer du regard des autres et à leur inquisition. On la bombardera de conseils, de reproches ; décidément, il fallait du courage
! (''Nous les solitaires, armée non-violente sauf contre elle-même nous savons dinstinct que parler cest offrir au monde ce qui nous exilera davantage''). Les chapitres courts correspondent chacun à une situation, un personnage lié à cette aventure qui met lamour en jachère.
Ce beau roman nous est offert comme une confidence pudique et impudique à la fois. Il nous parle de solitude et de désir. Cest intelligent, parfois irritant, toujours sensible. On nest pas près de loublier.
François Dirson
( Mis en ligne le 08/07/2013 )
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