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Remembrance
Armistead Maupin   Mon autre famille
Seuil - Points 2019 /  7,80 € - 51.09 ffr. / 379 pages
ISBN : 978-2-7578-7586-5
FORMAT : 11,0 cm × 18,0 cm

Première publication française en mai 2018 (L'Olivier)

Marc Amfreville (Traducteur)

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L'auteur des Chroniques de San Francisco, aujourd'hui jeune septuagénaire, revient sur son parcours et propose avec Mon autre famille une biographie personnelle.

Chaque chapitre est précédé d'une photo, Armistead enfant, adolescent, adulte, sa famille, les amis, le Vietnam, San Francisco bien sûr. On reconnaît à chaque cliché ce visage poupon, ingénue et souriant, américain dans les règles de l'art, lisse et optimiste. Une vingtaine de chapitres, et une vie tiraillée entre le Sud, son histoire, ses valeurs - la famille biologique de l'auteur est à des années lumières de sa ''famille logique'' (titre du récit en anglais, Logical Family) - et les milieux LGBT californiens naissants, leurs enjeux, leurs combats.

L'enfance en Caroline du Nord, Raleigh, une famille férocement conservatrice, est décrite de façon vraie, sans doute les pages les plus prenantes de cette ''remembrance''. Armistead Maupin, figure gay de renommée nationale et mondiale, est né à tribord toute, garçon '' de bonne famille'', enrôlé au Vietnam dans une sorte de planque. L'aménagement de son premier vrai appartement à ''Frisco'' donne l'occasion d'un chassé-croisé révélateur : ses parents viennent y installer un lit façonné autrefois par les esclaves de la famille...

Ce n'est en effet que plus tard, bien plus tard, que l'homosexualité s'épanouira dans son milieu naturel : San Francisco où le jeune journaliste se lance dans des chroniques dont le retentissement sera global et durable. Encore vierge à 25 ans, Armistead découvre le soufre joyeux des bars gays et des saunas, il assimile peu à peu cette part de soi très longtemps tue : "tout ce temps gâché à avoir peur, cette longue traversée du néant anémié de ma jeunesse".

Dès lors, et dans ces mémoires, Armistead aime avec coquetterie à dire qu'il ''en est'', de ce milieu militant et artistique, rappelant les amitiés, platoniques... ou charnelles, avec Rock Hudson, Christopher Isherwood, Harvey Milk, Laura Linney (qui interprète Mary Ann Singleton sur le petit écran), panthéon ad hoc dans lequel il s'inclut, fier, même, de cette photo où, jeune vétéran, il serre la main à un Nixon mal à l'aise...

Entre les lignes, se devine la genèse des Chroniques, les inspirations, les personnages de la vraie vie ayant nourri ceux fictifs qui ont fait la renommée de Maupin. Par un étrange paradoxe, c'est d'ailleurs la famille biologique qui ressort embellie de ce panorama intime, la mère discrète, le père tyrannique et marqué à vie par le suicide de son propre père, la grand-mère en matriarche sudiste. Le milieu gay, lui, est décrit de manière plus rapide, sorte de carnet mondain sous la forme d'une histoire gay expédiée.

Armistead Maupin apparaît alors pour qui ne le connaissait pas comme un être complexe, héritier de deux cultures que, finalement, il sut faire coexister, réglant ici quelques comptes, acceptant ailleurs les beautés données par les gènes, et celles du milieu qu'il a adopté. "Forster, Maugham, Wilde, Whitman et Carpenter, et (...) tous ces soldats et jeunes ouvriers et paysans inconnus qui avaient roulé dans le foin avec eux. Je trouvais cette généalogie beaucoup plus stimulante que celle que l'on m'avait apprise à respecter en Caroline du Nord, cette longue dynastie desséchée de planteurs et de généraux disparus depuis belle lurette, accompagnés de leurs juments poulinières qui restaient invisibles dans l'ombre. Ici, enfin, il y avait un culte des ancêtres qui avait du sang chaud dans les veines".

Un témoignage juste, touchant, et remarquablement traduit.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 20/05/2019 )
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