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Si au moins l’enfer existait...
Dan Fante   En crachant du haut des buildings
10/18 - Domaine étranger 2002 /  6.40 € - 41.92 ffr. / 191 pages
ISBN : 2-264-03056-9

Traduit de l’Anglais par André Roche
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De lieu en lieu, de job en job, on suit les dérives d’un pur produit de la «société ouverte », sorte de monade, de particule élémentaire vivant mal sa solitude – et la supportant uniquement grâce à la béquille de l’alcool (qui seul « fait taire ce bruit dans ma tête »). Arrivé à New York sans le sou, Dante le bien nommé est-il une énième version de l’écrivain bohême, qui glisse de squat’ pouilleux en rencontres sexuelles pathétiques, s’enfonçant à chaque défaite dans un nouveau cercle infernal ? « Demande à la poussière » avait écrit le père – John Fante, géniteur repoussoir de l’auteur d’ En crachant du haut des buildings. Ce dernier a ostensiblement mis le nez dedans. Voire dans autre chose… Et cela n’ira que crescendo, jusqu’au braquage raté, jusqu’à l’impasse qui fait voir dans le suicide la voie de sortie…

Ce récit autobiographique est un peu la version pauvre des dérives de Brett Easton Ellis ; Dan Fante y montre, pêle-mêle… les vertiges du nihilisme, la difficulté à entretenir le mécanisme vital de l’illusion (notamment via le travail littéraire), l’esprit d’un consommateur (de sexe, etc.) acharné qui n’accorde plus de valeur à rien… Le tout est écrit dans un style à la fois brillant et glaçant, ce qui n’en est pas pour autant réjouissant. Cette bio d’un jeune déjà vieux a valeur de fable sociale : elle révèle l’équivoque de notre temps, qui fait prendre des vessies pour des lanternes, et confondre libéralisation et libération des moeurs, autonomie et anomie individuelle, etc.

Bref, cette dérive joliment écrite n’a rien de romantique ; elle est une illustration romanesque de l’échec du projet moderne d’accomplissement de l’homme par la quête « libéral-libertaire ». Solitude, perte, violence, perte, quête inavouée de l’amour, perte de nouveau… Il n’y a pas de dérive heureuse, malgré cette esthétique troublante que le lecteur myope privilégiera sur le constat douloureux qu’impose le livre. Et l’on remarquera que seule l’écriture aura sauvé Dante non pas de la mort, mais du néant. Si au moins l’enfer existait, semble murmurer Dante, confronté non au Mal mais au rien…


Vianney Delourme
( Mis en ligne le 26/11/2002 )
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