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Poches -> Littérature |
| Alix de Saint-André Ma nanie Gallimard - Folio 2005 / 4.70 € - 30.79 ffr. / 199 pages ISBN : 2-07-030809-X FORMAT : 11x18 cm
Première publication en septembre 2003 (Gallimard, Blanche). Imprimer
Ce roman dAlix de Saint-André, sympathique icône audiovisuelle, tombe à point nommé en ces temps de négligence gériatrique et de revival caniculaire. Certains responsables irresponsables font la sourde oreille, voire soffusquent. Sur le terrain, les infirmières se battent contre ces moulins politiques, certaines familles oublient que leurs vieux ne sont pas encore morts
jusquà ce quils le soient sur un coup de chaud. Attention à un éventuel coup de froid !... Alors, les jolis mots dAlix ont cette beauté opportune de nous rappeler que nos anciens sont une denrée fragile et quon leur doit plus quon ne le prétend : la vie, une éducation et des souvenirs à la pelle.
Dans Ma nanie, Alix redevient la petite fille dans les jupons de sa nounou. Le roman est un hommage discret à cette dame, maman, amie, compagne que ses journaux laissés dans des cartons révèlent un peu mieux. Lhommage, touchant, écrit dune plume magnifique, à la fois classique et guillerette, sans artifice, est somme toute discret. Alix nous raconte sa seconde maman de façon pudique, par bribes sucrées, des moments. On en voudrait plus, par une curiosité sans doute malvenue.
Une «affaire» pointe néanmoins dans ces évocations nostalgiques : une amourette de la nanie en question avec un certain Karl, juif allemand est-ce possible ? sinterrogent les contemporains raflé pendant la guerre dans un château proche de chez les Saint-André. On comprend alors, une fois de plus, que toute famille appartient à lhistoire et que ses événements sinsèrent tragiquement dans ceux plus connus : il y a un lien entre un village dAnjou et les camps de la morts
«Jai raconté mon enquête [
], et maman [
] ma demandé pourquoi la mairie de Chênehutte avait refusé de poser cette plaque à la mémoire des juifs sur le monument aux morts. Parce quil y avait écrit dessus : "Morts pour la France", et que les juifs de Sainte-Radegonde nétaient pas morts pour la France [
]. Question de sémantique ; ils étaient morts par la France
»
Ma nanie est aussi loccasion de parler de soi, de ses souvenirs, dune enfance. Alix de Saint-André décrit amoureusement son chez-soi, son bercail des bords dune Loire quelle nous dépeint dans sa splendeur nilotique. «Il existe un secret damour entre les hommes de la Loire, les roses, le vin, les jolis phrases, le bon Dieu
» Certains critiqueront ce côté «vieille France», des accents presque barrésiens, un éloge en tout cas de lenracinement. Pour ceux qui aiment les catégories bien faites les pauvres ! -, on a là le roman dune aristocrate, un florilège dimages dEpinal, des reflets séguriens, comme lévocation tendre des beaux jours de petites filles modèles. Ma nanie, cest en fait tout le contraire : un joli roman moderne - pas post-moderne, ce qui ne veut rien dire - et cest tant mieux.
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 10/08/2005 ) Imprimer | | |
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